Page 75 - Vincent_Delavouet
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         plus loin le contremaître à qui l’on avait appris l’accident, qui
         plaisantait avec un autre ouvrier !
           Dans ce pays, la vie d’un homme est comptée pour bien
         peu de chose ! J’appris que ces mines de cuivre apparte­
         naient à un sénateur Clakc, le roi du cuivre, possesseur de
         nombreuses autres mines de cuivre.
           De l’Arizona, je passai dans l’Etat voisin du Nouveau
         Mexique, dont la capitale est Santa-Fé, et berceau des
         Peaux-Rouges ; il n’y a plus guère que quelques centaines
         de ces indigènes qui habitent un endroit appelé « la Réserve »,
         où ils vivent tout à fait en dehors des lcis et des coutumes
         américaines : personne n’a le droit d’aller les déranger.
           Certains Peaux-Rouges se sont civilisés et sont mêmes
         employés soit au chemin de fer, soit dans les administrations.
         C’est ainsi que la pure race ancienne disparaît chaque jour
         un peu plus.
           C’est dans ces parages de Santa-Fé que je fus témoin d’un
         phénomène bizarre, peu connu certainement. On marche
         pendant des kilomètres sur des perles ! c’est-à-dire sur de
         petits grains d’un minerai noir, brillant, gros comme des
         petits pois, les uns ronds, les autres ovales ou allongés, d’un
         curieux effet.
           je demandai des renseignements sur ce phénomène. Il me
         fut expliqué que ce minerai provenait de roches broyées
         par d’anciens volcans et que la mer venait à cette époque
         préhistorique jusque dans ce pays intérieur, ce^qui expliquait
         l’arrondissement successif et l’usure presque complète de
         ce gravier noir.
           Et ce qui donnerait créance à cette explication est que
         toutes les provinces qi i se trouvent le long du golfe du
         Mexique sont ensablées, partout du sable et conséquem­
         ment des régions entières sans aucune végétation. L’eau
         s’y trouve excessivement rare et il arrive que c’est le chemin
         de fer qui est chargé avec des réservoirs d’alimenter en eau
         certaines agglomérations. Ce Texas est l’Etat le plus vaste
         des Etats-Unis; pour s’en rendre compte, comme comparaison,
         il est aussi grand à lui seul que la France et l’Allemagne-réu­
         nies. A l’est, à un endroit dénommé Beaumont, on venait de
         découvrir des puits de pétrole. Il est fâcheux que je n’eusse
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