Page 77 - Vincent_Delavouet
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s’attachent à des familles et restent à leur service toute leur
vie. Le nègre d’Afrique, facilement reconnaissable à ses
cheveux crépus et à ses lèvres lippues, fut transplanté en
Amérique alors que les Anglais étaient les possesseurs de
l’Amérique du Nord. Les négriers, marins chargés de ce
recrutement, firent pendant de longues années ce commerce
lucratif, tant que l’esclavage fut toléré. La question a été
étudiée par des auteurs spéciaux, aussi n’ai-je pas à en faire
l’historique, qui nous écarterait de notre sujet.
Le fait certain est que le Yankee actuel considère le Noir
comme une espèce de singe et qu’il ne se fait pas faute de le
molester chaque fois que l’occasion se présente.
Dans cette région du sud, principalement, ils sont consi
dérés comme des bêtes de somme ; les ouvrages les plus
grossiers leur sont réservés; manœuvres, hommes de peine,
terrassiers ou domestiques sont à peu près les seules « car
rières » qui leur sont ouvertes, et si quelques nègres plus
intelligents que leurs semblables sont parvenus à devenir
médecins, avocats ou commerçants, ce n’est qu’après s’être
expatriés en Europe et après avoir subi maintes avanies qu’ils
sont tolérés dans les centres comme New-York ou autres
villes du nord.
De terribles rancunes couvent chez certains Noirs qui ont
eu à souffrir de l’injustice et de la méchanceté du Blanc. La
loi de lynch leur est appliquée avec rigueur, mais souvent ils
savent se venger terriblement.
1903.
C’est au printemps de 1903 que je remontai le Mississipi
pour me diriger sur Saint-Louis, dans l’Etat du Missouri. Il
existe de nombreuses lignes de chemin de fer qui y
aboutissent venant de la Nouvelle-Orléans et en outre un
service de bateaux à vapeur qui remontent le Mississipi.
Saint-Louis était alors une ville de 300.000 habitants
environ ; ville tranquille, très commerçante, possédant de
nombreuses manufactures et centre important de nombreuses
lignes de chemin de fer.
Puis, j’ai continué mon circuit sur l’ouest, dans l’Etat de