Page 73 - Vincent_Delavouet
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que de nouveaux gisements aurifères venaient d’être décou
verts à Nome, sus-indiqué.
Aussitôt, une ruée formidable s’y était aventurée et, en ce
moment même, environ trois mille individus affamés erraient
à l’aventure et risquaient fort de mourir de faim, s’ils n’étaient
pas rapatriés au plus tôt. Car les mines d’or étaient un ignoble
mensonge pour attirer, sur les bateaux de ces puissantes
Compagnies de navigation, de nombreux passagers. Il était
donc imprudent à nous, ayant chacun une petite fortune
comme bagages, de s’aventurer dans ce pays.
C’est là qu’il me fut donné de voir une seconde fois le
soleil de minuit et d’assister aux ébats de milliers de requins
qui nous guettaient, eux aussi, lorsque pour éviter Nome,
nous fûmes transbordés en pleine mer, de notre petit bateau
du Yukon dans le navire qui devait nous conduire à Seattle.
Notre retour par Seattle puis San-Francisco se passa nor
malement et j’appris par la suite que le gouvernement
américain avait fait rapatrier avant l’automne tous ces
malheureux échoués à Nome.
Chapitre XXIII
Mines de cuivre de Jérôme
Fin 1902.
De retour à San-Francisco, où je fis monnayer l’or rapporté
de l’Alaska, je résolus de passer mon hiver tranquillement,
dans ce climat sain de la Californie, qui peut se comparer en
hiver à nôtre Côte d’Azur ensoleillée. Je descendis par le
sud-est dans l’Etat de l’Arizona et j’allai visiter la curiosité
qui attire de nombreux touristes au Grand-Canyon, capitale
de cet Etat. Dans les environs de la ville se trouvent les ves
tiges d’un ancien fleuve desséché, qui coulait à une époque
préhistorique entre des rangées d’énormes rochers en sur
plombant les rives. Ce lit de fleuve à sec sert actuellement de
but de promenade et les rochers abrupts qui .en font les
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