Page 78 - Vincent_Delavouet
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Kansas, pays de grande culture, où le blé, le maïs se récoltent
en abondance.
De là, j’ai continué ma route par le Colorado, déjà visité,
ainsi que l’Utrah et l’été se passa pour moi sans incident.
Revenu à Sacramento en automne, je pris mes quartiers-
d’hiver à San-Francisco, qui positivement m’attirait par son
doux climat et la vie bon marché. C’est à San-Francisco que
je déposai, entre les mains du Consul de France, mon livret
militaire qui ne me fut jamais rendu, pour la raison que le
tremblement de terre de 1906 devait l’anéantir.
C’est là où je rencontrai nombre de compatriotes. A l’hôtel
de France, où j’étais descendu, ce fut un Parisien, du nom de
Savart, qui m’accueillit de son mieux.
Moyennant le prix invraisemblablement bon marché de
3 fr. 75 de notre monnaie, je pouvais disposer d’une pension
journalière complète, c’est-à-dire une chambre confortable
et trcis repas par jour. Et quels repas ! ce que l’on ne ser
virait pas actuellement en France pour 10 francs. Vin à
volonté, café et liqueur compris. C’était fantastique. Et le
plus curieux étaient les restaurants tenus par des Japonais
qi i faisaient la concurrence de repas aussi copieux, au prix
fixe de dix sous ! Cela peut sembler invraisemblable, mais
je l’affirme énergiquement, puisqi e j’en ai profité moi-même,
in vrai pays de cocagne.
D’ailleurs, j’en ai déjà parlé dans les chapitres précédents,
et mon insistance fera comprendre au lecteur combien je
m’y trouvais attiré.
Avec cela, dos excursions splendides à faire aux environs.
Puis cette curiosité sans cesse renouvelée du mouvement
d’innombrables bateaux entrant et sortant du port.
C’est donc en bon rentier que je passai cet hiver.
1904.
Mais, au printemps de 1904, je fis comme les hirondelles,
me réapprovisionnai d’un bon stock de bijouterie et remontai
sur le Nord, en traversant l’Orégon, pays aussi fertile que
notre Normandie, avec pâturages et élevage.
Puis je repassai à Seattle, point de départ de mes précé