Page 116 - Vincent_Delavouet
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                     et de mines furent anéantis et l’on compte malheureusement
                     une centaine de personnes qui périrent dans les flammes.
                       On ne peut se rendre compte, qu’après y avoir assisté
                     soi-même, des ravages et de la rapidité de ces incendies,
                     qu’une simple étincelle de locomotive ou une imprudence
                     de fumeurs peut provoquer.
                       Lorsque le feu se déclare dans ces forêts vierges, il trouve
                     un aliment toujours renouvelé, non seulement avec le bois
                     mort, mais surtout par l’humus du sol, qui ne se compose
                     que de feuilles sèches et bois en décomposition.
                       Quand le foyer est devenu brasier, riqn ne peut arrêter
                     les progrès de l’incendie ; un appel d’air formidable formé
                     par cette fournaise fait jaillir des gerbes et flammèches à
                     près d’un kilomètre de distance, produisant ainsi de nou­
                     veaux foyers d’incendie. Aucune tranchée ni digue ne peut
                     être employée pour arrêter ou simplement ralentir la marche
                     de ces flammes, dont la vitesse atteint et dépasse celle d’un
                     cheval lancé au galop.
                       Ainsi, dans ces incendies de cet été 1915, des personnes
                     se trouvant environnées de flammes se jetèrent dans un lac
                     à proximité ; leur mort n’en fut pas moins horrible. Si la
                     fumée ne les asphyxia pas de suite, l’eau en ébullition se
                     chargea de les faire souffrir un peu plus. Pas une n’en ré­
                     chappa.
                       Des villages, placés à huit kilomètres de ces forêts, flam­
                     bèrent comme des torches. Pendant huit jours après la fin
                     de l’incendie, qui s’arrêta faute de combustible, le soleil fut
                     totalement éclipsé par la fumée'qui se dégageait de ces
                     régions dévastées et la terre, ou terreau, resta également
                     plusieurs jours en ignition brûlant jusqu’à plus de cinquante
                     centimètres de profondeur.
                       Cet exemple est l’image d’autres incendies qui ont eu
                     lieu depuis ; tout récemment, un village à proximité de
                     Cobalt a été entièrement détruit.
                       Le mal des uns fait quelquefois le bonheur des autres.
                     A la suite de cet immense incendie décrit ci-dessus, la pluie
                     mit à jour des roches à veines d’argent insoupçonnées jus­
                     qu’alors et ce fut la Compagnie propriétaire de ces terrains
                     qui en profita.
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