Page 117 - Vincent_Delavouet
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Ce n’était pas la première fois d’ailleurs que le feu se
déclarait dans ces régions. Lorsque j’y ai passé en 1909,
la ville de Cobalt même (agglomération de huttes en bois)
avait été rédcite en cendres.
L’on a soupçonné longtemps les Compagnies possesseurs
des mines d’argent de la région d’avoir mis le feu dans
ces immenses étendues de forêts impénétrables, intention
nellement, pour économiser le défrichement!
Quoi qu’il en soit, à l’époque de ce récit, les mines d’argent
découvertes par cet incendie étaient en abondance et en
pleine activité.
La différence qu’il y a avec les mines d’or est qu’on ne
trouve pas de pépites d’argent dans le sable ni ],e gravier,
mais dans la roche elle-même. Les veines n’ont guère que
cinq à dix centimètres d’épaisseur. Il faut percer des tunnels
et casser la roche pour les extraire.
On emploie, comme aux mines de cuivre de Juneau, des
broyeurs-rouleurs ou pilons.
Quant aux pépites d’argent recueillies, ils sont toujours
mélangés d’impuretés qui se nomment « Cobalt » (nom donné
à la ville). Ce sont les hauts fourneaux qui se chargent de
faire le nettoyage.
Les puits de mines sont par centaines autour de Cobalt et
rayonnent à sept à huit kilomètres de la ville. Ces puits sont
exploités par plusieurs Compagnies. Les ouvriers, Canadiens
ou Américains, sont en général bien payés.
Chapitre XXXVII
Un doigt de moins
Pendant ces quelques années passées à Cobalt, je n’ai
eu qu’à me louer du résultat de mon commerce. La vente
marchait à souhait, j’avais un ouvrier sérieux qui pouvait
faire n’importe quelle réparation d’horlogerie et, én outre,
pouvait me remplacer lorsque je m’absentais.
Cela m’arrivait fréquemment ; peu habitué à être séden
taire, je continuais, avec ma bijouterie, à rayonner dans les