Page 119 - Vincent_Delavouet
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Et je ne me précautionnai pas pour cela d’armes, conti
nuant comme par le passé à me fier à ma chance.
C’est dans l’hiver de cette même année 1917, que j’eus
le bout des doigts gelés, en pérégrinant dans la province
Ontario, à tel point que la peau et le bout de mes doigts, y
compris les ongles, tombèrent ; depuis, heureusement, tout a
repoussé régulièrement.
Depuis longtemps ma femme désirait venir en France;
aussi, deux années plus tard, en 1919, je me décidai à liquider
mes marchandises et faire ce voyage de retour qui devait
mettre fin à mes aventures.
Chapitre XXXVIII
Conclusion
Nous voici donc à la fin de ces Mémoires, qui vont se
terminer par notre retour en France J l’année qui suivit
la fin de la guerre.
J?ai omis de dire que, lorsque la grande guerre de 1914
éclata, j’étais tout prêt à faire mon devoir, mais ma classe 1886
ne fut pas appelée sous les drapeaux. J’ajouterai même,
pour l’édification du lecteur, que si je n’avais pas été marié
et père d’un enfant en 1914, je me serais engagé volontaire
ment, comme firent d’ailleurs de nombreux Canadiens, dont
l’aide nous fut si utile.
Ce fut en novembre 1919 que nous décidâmes du retour
en France.
Je liquidai même à perte mes marchandises, ainsi que
mes valeurs en portefeuille, et dis adieu à cette terre hospi
talière où j’avais su me créer une situation et un foyer.
Lors de mon précédent voyage en France, en 1909, j’avais
fait de sérieuses enquêtes pour retrouver, à Paris, ma sœur.
Nous nous étions écrite pendant quelques années, puis je
n’avais plus reçu de ses nouvelles.
Je résolus de reprendre mes recherches et, après avoir