Page 62 - Decrets mars
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                   succède  à la  parole  de  l'oratt•ur.  Juges et assistants sontvisi-
                   blement sous une grave  impression.
                     La séance est suspendue pendant dix  minutes.  On  eu  profite
                   pour entourer et féliciter  chaleureusement l'éminent  et sympa-
                   thique avocat des  religieux de  Concise.
                     Le discours  de  Af.  Descotes  sera  l'honneur  du  barreau  de
                   Savoie el  l'un  des plus licaux succès  oratoires  de  celui  qui  l'a
                   prononcé.  Nous  ne craii;·nons  pas  de  dire  que  c'est  là  une
                   œuvre magistrale.
                    A la  reprise des débats,  l'avocat  de .l'administration  nie qne
                   les  lois de Messidor  soh•11t  tombées en désuétude  1,  plusieurs
                   gouvernement<;  ont  appliqué ces  lois.  Il  s'efforce  de  prouver
                   que  les  tribunaux  ordiuaires  ne  doivent  pas  connaitre  des
                  actes administratifs,  que  les  employés  du  gouvernement ont


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                     En  f833,  l'abbé  Rauzan,  supérieur de  la Congrégation  dite  à
                  cette époque des 11/ission/i de  France,  voulant  être  fixé  nettement
                  sur les droits de la vie en  commun  pour  ses  Prêtres,  provoqua la
                  déclaration  suiv:\nte du gouvernement.  L'antithèse  que fait le  mi-
                  nistre entre le  privilége,  d'une  pa1·t,  de la personnalité  civile  que
                  refuse  le  gouvernement,  et,  d'autre  part,  le  droit  pour  tous  les
                  citoyens  de  vinre  en  commun,  donne à ce document une valeur
                  toute particulière.
                    En voici  le texle :
                                               l'aris,  le 30 octobre  1833.
                          ~lonsieur l'Abbt•,
                   Je ue  puis  qu'approuve1· les sentiments  qui  sont  exprimés  dans
                  votre lettre du  H  de ce  mois et l'intention que vous  manifestez  de
                  vous ahstemr  de  tout  ce  <Jul  concerne  la  politique,  mais  je  n'ai
                  point saisi d'une  manière  aussi  précise  l'oby'et  âe  l'autorisation
                  que vous paraissez rectamer.
                   S'il est question  du rétablisse'11ent  de  la  Congrégation  des llfis-
                 sions de  flrance,  do11t  vous étiez supérieur sous le der11ie1· gouver-
                 nement, je n hes1te  pas à vous déclarer, Monsieur  !'Abbé,  qu'il rue
                 serait impossible de vous donner aucune espérance à  cet égard.
                   S'it  ne  s agit que rie  ta simple  reunion  entîèrement  libre  de
                 quelques pretre.~ v.tvant en comm1m.  te ,qoui•ernement n'a point à
                 s'en  occuper,  et,  dans le eus où  il s'y commettrait  des  acles  sus-
                 ceptibles de compromettre la sûreté de l'Etat ou de Ja paix  publique,
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