Page 57 - Decrets mars
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       masque  de  la  légalité,  dans  ces  admirables  mouvements d'élo-
       quence  qui  resteront comme  le  cri  de  la  conscience  publique
       outragée,  colllme  la  protestatiou  iudig11ée  du  vieil  honneur
       français ! ...
        « Et si  je jette mes  regards sur cette  barre, j y trouve,  con-
      fondus  daus  la  lllème  pensée,  associés  à  la  même  défense,
       des  anciens  devant  lesquels  je  m'incline  avec  vous  dans  ce
      mouvement de  respectueuse estime  et  de  véné1 ation  p1 ofonde
      que  commande  une  vie  toute d'intégrité, de  travail  et  de  vertu,
      des confrèies  dont  vous  appréciez  chaque  jonr  la  sdence,  la
      droiture et  l'élévation  de  caractère  et,  entre  tous,  un  collabo-
       rateur qui  m'est cher,  qui  m'a  précédé et qui  m'assistera  dans
      celte  noble mission  et  que  l'estime de  se:,  confrères,  en  l'éle-
      vant au  lendemain  de  la  dernière  andieuce,  à  la  plus  haute
      dignité  de  notre  ordre,  l'a  vengé  des  outrages  d'une presse
      sans  respect! ...  1l  n'est  pas  enfin  jusqu a  !autre  côté de  la
      barre où  je ne  rencontre  des  adversaires  dont je connais  trop
      l'esprit  libéral  et  éclairé,  pour  ne  pas  être  convaincu  qu'ils
      déplorent eux-mêmes,  au  fond  du  cœur,  les  cruelles  nécessités
      des  exéeutious  gouvernementales  et  la  tâche  encore  plus
      lourde d'avoir :1  les  justifier devant  vous.
        <<  C'est,  en  effet,  Messie111\,,  un  étrange et douloureux  spec-
      tacle que celni  dont,  depuis  six  mois,  notre  gramt  et  malheu-
      reux  pays  est le  théàtre attristé.
        « De,;  hommes,  citoyens comme nous, électeurs comme  nous,
      payant,  comme  nous,  tons  les  impôts,  s011111is  à  toutes  les
      charges du  citoyen  et de  l'électeur,  vivaient à leu:·  guise,  de  la
      vie qu'ils  s'étaient  libre111ent  choisie,  sous  l'ombre  dt1  sanc-
      tuaire et dans  le  silence  du  cloître,  ne  demandant à en  sortir
      que  pour faire  le  bien,  le  faisant  autour  d'eux  sans  acception
      de  personnes,  de  nuances ot1  de  partis,  assistant  les  malades,
      secourant  les  pauvres,  consolant  les  a(lligés ;  des  hommes
      qu'on  était stir de  rencontrer partout où  il  y avait une larme à
      essuyer,  une  infortune  à adoucir; des  hommes  prêchant par la
      parole et  par  l'exemple  tout  ce  qu'il  y  a  de  bon, combattant
      tout  ce  qu'il  y a de mauvais,  enseignant  la  lntte et le  triomphe
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