Page 54 - Decrets mars
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                   gitimité  de  la  demande  des poursuivants,  la  compétence de la
                   juridiction  civile et insiste  sur les attributions et  les responsa-
                   bilités de  chacun.  Puis il  termine ainsi  sa  belle  plaiùoierie :
                     • Si,  aujourd'hui,  il  était  admis  que  les  agents  de  l'adminis-
                   tration  pussent  impunément  violer  le  droit  sacré du  proprié-
                   taire,  violer  le  domicile  du  citoyen,  attenter  à  la  liberté
                   individuelle,  notre  existence  sociale  ne  serait-elle  pas  com-
                   promise'!  Cette  cause intéresse tous  les citoyens;  aujourd'hui
                   c'est  la  propriété,  c'est  le  domicile,  c'est  la  liberté  de mes
                   clients qui  ont  péri; vienne  demain  un  gouvernement  plus vio-
                   lent  et  plus  audacieux,  èl la propriété,  le  domicile,  la  liberté
                   de  chacun  de  nous seront frappés et  périronl.
                     « .Mais il  a y encore des barrières; il  y a la  loi, il a y des juges,
                   je suis  ici dans  la  citadelle  du  droit.  M.  le  préfet  restera dans
                   ses attributions,  il  lui  sera  interdit  de  confisquer  notre  pro-
                   priété,  de  violer  notre  domicile,  de  nous  expulser,  de  nous
                   jeter dans  la  rue.  Il  apprendra  que  les  tribunaux  civils  sont
                   compétents  pour connaitre des actes d'un fonctionnaire,  accom-
                   plis  en  dehors de  ses attributions et au  mépris des  lois. Justice
                   sera rendue.  »
                             Monsieur le  président,
                     « J'ai lu  dans  mes  rares  loisirs  l'histoire  de  l'aucien  Sénat
                   souverain  de Savoie,  je connais  la  magistrature  de  ce  ressort,
                   digne  sœur  de  la  magistrature  françaisf.  ; nous  vous  connais-
                   sons  vous-même  et  nous  avons  confiance.  Le  pouvoir  royal
                   a  été  tenu  en  respect;  vos  prédéœsseurs,  vos  aïeux,  n'ont
                   enregistré les  édits qu'après avoir jugé qu'ils étaient conformes
                   aux  droits de  la  Province,  à  la  justice.  Tous  les  magistrats
                   donnent  aujourd'hui  un  ménwrnble  exemple d'indépendance.
                   Nous  vivons dans  un  temps d'incertitufk  de  trouble  provoqué
                                      1
                   par  1111  projet  de  loi  exposé  avec  moins  de  sens  que  de
                   passion  politique.  Aujourd'hui nos j11ges  ont  à  leur  d1·oite  des
                     1   Ce  projet de loi  est la suspension  de  l'inamoviliilité de la ma-
                   gistrature pendant une  année.
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