Page 58 - Decrets mars
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de la conscience sur les appétits, le respect et l'accomplisse-
ment de tous les devoirs, semant sur leur passage la charité,
la paix, la concorde, la vertu; apportant aux vaincus et aux
désespérés de la vie ces sublimes espéra11ces que l'on veut
détruire et à la place desquelles l'instruction laïque, gratuite
et obligatoire ne laissera que le vide 11oir et sa11s fond ; amis
vrais des peuples, ceux-lit! sortis pour la plupart ùt> ses rangs,
connaissant son langage, stis aspirations et ses besoins, ne se
gorgea11t pas de ses sueurs, vivant e11 anachorète d'un verre
d'eau et d'un morceau de pain, travaillant 11011 pas pour la
renommée et pour lenr ambition, travaillant pour Dieu et pour
l'au-delà ; et étrangers a11x dif:putes humai11es, ne demandant
qu'une chose, ce qu'on ne refuse pas au lézard, à l'oiseau,
leur place au soleil du bon Dieu, une coui:he d'air respirable,
et, dans un temps et un pays dits de liberté; la liberté de
vivre, qui, pour eux, s'identifie avec la liberté de faire le bien '!
<< Eh bien ! il se trouve qu'à l'heure où l'on ouvrait les portes
de la patrie à ceux qu'un de nos pins illustres confrères appe-
lait hier les bandits de la Commune, à l'heure où la devisr,
ni Dieu, ni maître, en même temps qu'elle porte 1111 déli
sacr·ilège, mais impuissant à Dieu, vient menacer l'autorite
humaine, à l'heure où l'assassinat politique est enseigné comme
un acte d'héroïsme et oil le flot montant de la démagogie
risque d'engloutir l'opport11nisrne, connne tout autre forme de
gouvernement; à cette heure, au nom de je ne sais quels
textes ensevelis depuis près d'un siècle daus les arcanes de
notre législation, au nom de la liberté! on a pénétré chez ces
honimes de paix, Oil a violé le domicile de ces citoyens, on a
crodieté leurs serrures, ou a renversé leurs portes; on a forcé
l'eutrée de leurs cellules ; on a promené la hache du délllolis-
seur dans des asiles consacrés à la prière; on ne s'est pas
arrêté devaut la majesté de leurs autels ; et eux, des religieux
sans tache, qui, il y a dix ans, étaient avec nous sur les
champs de bataille, relevaut les blessés, assistant les mou-
rants, ils ont été expulsés de leurs demeures par la main de
ces braves rougissant d'être contraints par la discipline à une