Page 60 - Decrets mars
P. 60

lumineuse portée.  La  presse  s'eu  chargera  et  nous  sommes
                     heureux  d'annoncer qu'elle publie  en  ce  moment les  plaidoyers
                     de  1\11\I.  Descotes  et Bordeaux.
                       Nous  ne  pouvons  toutefois  résister  au  désir  de  mellre sous
                     les yeux de nos lecteurs la magnifique péroraison Je M.  Descotes.
                       <<  Messieurs,  j'ai terminé  ma  tâche et je le  répète à la  fin  de
                     cette  trop  longue  plaidoirie,  l'honneur de  l'avoir prononcée et
                     !"attention  avec  laquelle  vous  l'avez  suivie,  resteront  nn  de
                     ces souvenirs  dont,  tam  que  je  vivrai,  j'aimerai  à  respirer le
                     parfum.
                       « Que  m'importe  à  moi,  que  nous  importent à nous,  les
                     jugements de  la foule  et l'impopnlarit.édunltLms  ccrta1ncs'couc:
                     notre  robe  peut être éclaboussée  quand  elle  n'abrite  pas  com-
                     plaisamment  de  ses  plis  les  enenrs,  les  égarements  on  les
                   exi,;1:11 ·r~ despotiques  de  ce  qui  est  aujourd'hui  le  nombre,
                     le  nombre!  souverain,  capricieux et  changeant  co111me  la  roue
                     de la  fortune !
                       « Ornpés  dans  notre  indépendance,  enfermés  dans  l'asile
                     inviolable de  nos  couvictions  et dans  le  droit de  les  procl:lmer
                     et de  les  soutenir,  nous  allons  oil  nous  appelle  le  devoir,  nous
                     disons  ce  que  nous  croyons  étre  le  juste  et  le  vrai:  le  reste
                     pour  nous  n'est  rien  !
                       « Et  vous  aussi,  Messieurs,  sur  vos  sièges  vous  n'avez
                     d'autre  guide,  d'autre  flambeau  que  votre  conscience;  placés
                     vis-à-vis d'ellü  dans  ce  sublime  isolement  du  magistrat pour
                    qui,  lors  du  délibéré,  les  yeux  et les  oreilles sont fermés sm· le
                     monde  extérieur,  vous  ferez  ce  qu'on  fait,  ce  que  continuent à
                    faire  tous  les jours ces  Bayards de  la  magistrature,  ces  juges
                    toujours armés  pour le  triomphe de  la justice,  dont  parle
                    d'Agnessau,  et  dont,  grâce  au  ciel,  tant  qu'il  y  aura  une
                    magistrature  indépendante,  l'un  d'entre  eux  le  disait  hier
                    dans  une  admirable  ordonnance,  !a  noble  race  ne sera point
                     perdue1
                      « Et qu·on  ne  vienne  point nous dire qu'après avoir  organisé
                    les scaudales de  la  rne  nous  provoquons  les  scandales de  l'au-
                    dieuce !  Que,  rebelle  aux  lois,  nous  eucourageons la  nwgistra-
   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65