Page 61 - Decrets mars
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      ture à la forfaiture  et  à  la  rébellion!  Qu'on  ne  vienne  pomt,
      par  une  transformation  habile  de  ce  grand  débat,  von·  une
     lutte contre nos institutions, dans cette lutte pro m·is et focis,
     dans cette lutte pour le  domicile et pour  la liberté !
       « Croyez-le bien, Messieurs,  les  vrais amis du gouvernement
     lé,:al de  la  France,  les  vrais  amis  de  la  République  ne  sont
     point ceux qui essaient  del'o.:  train  'flans  l'ormère du despo-
     tisme,  et de  lui faire  commett1·e  toutes les fautes,  plus que les
     fautes  qui  ont  perdu  de  tout  temps  les  gouvernements assis
     sm· d'autres bases que sur les  principes  éternels  de  la  justice
      1 du droil.
       « Non !  il  n'y  a pas  ici  de  question  politique,  m de  mani-
     festations  antirépublicaines !  Ce  n'est  pas  la  République  que
     nous combattons,  ce sont les excès et les abus que  l'on  commet
     au nom  de  la  République.  Ici,  il  y a,  qu'on  le  sache bien,  un
     débat de droit public et de droit  social,  rien  de  plus.  Ce  q11e
     nous  plaidons  aujourd'hui  pour  les  rnligieux,  nous  serwns
     p1·êts  à  le  plaider demain  pour tout  citoyen,  uel  que ft'lt  son
     culte et quelle que pût être la couleur de  son  drapeau
       • Oui,  à cette  heure  solennelle,  j'oublie  mes  conv1ctlons
     mes  préférences, j'oublie les souvenirs  de  mes  jeunes années,
     les croyances fortifiantes  de  mon  :îge  mûr,  j'oublie ce que j'ai
     vu hier,  ce que je vois  en  ce  moment à mes  côtés ;  j'oublie ce
     couvent désert,  cette chapelle  fermée,  ces  scènes de désolation
     et de violence ;  j'oublie  ces  vieillards  sans  asile,  ces  religieux
     proscrits et dispersés.  Le débat est pins  haut et plus  large.
       « Sous notre  robe de bure,  le moine  s'efface ;  sous  la  vodte
     de nos cloîtres,  le couvent disparaît.  Il  n'y a,  Il  ne doit y avoir
     à votre ba1·1·e,  ni  moine,  ni  couvent ;  11  n'y a  que  le  citoyen
     français expulsé,  que  le  domicile  d'un citoyen  français  v10lé.
     L'expulseur  est  le  violateur;  ftit-il  l'Etat,  comme le  meunier
     de  Sans-Souci  au  Grand-Frédéric,  nous  avons  le droit de lui
     dire :  « Al'rière.  tu  es  le  pouvoir,  mais  ici je sms plus  que  le
     pouvoir,  je  suis  la  propriété,  et  si  tu  passes  outre,  il~ y a
     encore des juges pour t'expulser!  »
       Un  murmure  d'approbations  et de bt·avos aussitôt contenus,
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