Page 52 - Decrets mars
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                         d'autre solution  pratique.  Il a été obtenu  et,  grâce à ce résultat,
                         il  est  donné  à la  France  de  voir  aujourd'hui  ce  magnitique
                         spectacle des  magistrats du  pays se  levantà l'unanimité,  drapés
                         dans  la  majesté  de  leur  indépendance et le  sentiment de  lem
                         devoir,  pour  s'opposer à l'action  tyrannique  des  puissants du
                         jour,  et  pour dire  au gouveruemefitui-même :  vous  n'avez  pas
                         le  droit  d'agir comme  vous  l'avez  fait!
                           Non,  personne  ne  prétendra  qu'un  mouvement de  ce  genre
                         soit  une  sentence vaine et  une  manifestation  inutile!
                           L'affaire des RR. PP. Capucins de Concise coutre MM. Albéric
                         de  Gros riez,  préfet  it  Annecy,  Emile  Carrion,  sous-préfet à
                         Thonon,  et  Plantaz,  serrnrier,  venait  donc  en  première  au-
                         dience de  référé,  le  24  novembre 11i80.
                           Bien  avant  l'heure,  le  Prétoire  est  envahi,  les  abords  de  la
                         salle  regorgent de  personnes  cherchant  vainement des  places.
                           M.  de  Grosriez,  préfet,  M.  Carriou,  sons-préfet, M.  le  lieute-
                         nant de  gendarmerie et le  serrurier sont  présents.
                           Le  IL  P.  Frédéric assisté des  deux  plus  anciens  vicaires de
                         Thonün,  est assis  près du  banc des  avocats.
                           A trois  heures,  M.  le Président, Jules l\Iareschal,  prend  pos-
                         session  de  son  siège.  M.  Déchaux,  substitut de  M. le Procureur
                         de  la République,  fait  asseoir à ses  côtés  M.  le  Préfet et M.  le
                         sous-préfet.
                           M.  Mudry,  licencié en  droit,  avoué de M. Fernex de Montgex,
                         propriétaire du  couvent,  et du  R.  Père  Frédéric locataire,  pose
                         ses conclusions tendant à la  constatation  immédiate des  dégâts,
                         à  la  réintégration  du  R.  Père  Frédéric  dans  son  domicile,  à
                         l'enlèvement  des  scellés  et à la  remise  de  la  chapelle au  pro-
                         priétaire,  en  déclarant que  cette partie du  bâtiment ne sera pas
                         ouverte  au  culte  public.  M.  Tromhert,  avoué  de la  partie  ad-
                         verse,  pose  des  conclusions consistant en  un  déclinatoire d'in-
                         compétence élevé  par M.  le  préfet,  en  sa qualité,  M.  Déchaux,
                         substitut,  pose des  conclusions  conformes  en  faveur  de  l\f.  le
                         préfet.  Au  banc  de  la  défense  sont,  en  roiJe,  Messieurs  les
                         avocats  Bordeaux,  Ramel  et  Bergoënd,  le  premier  chargé de
                         porter la parole pour M.  le comte  de  Fernex et le R. P. gardien.
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