Page 610 - Les merveilles de l'industrie T1
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GOG                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


              aucun dépôt important, jusqu’au moment     communication avec la mer. On introduit
              où, par un commencement de concentra­      l’eau dans une série de vastes bassins peu
              tion, elle marque 16 degrés à l’aréomètre de   profonds. On appelle marais salants l’en­
              Baume : on voit seulement un peu d’oxyde   semble de ces bassins d’évaporation natu­
              de fer et de carbonate de chaux, qui, étant   relle.
              dissous par le gaz acide carbonique, se sé­  Comme l’eau doit se réduire au moins au
              parent du liquide.                         huitième de son volume avant de commencer
                 De 16 à21 degrés de l’aréomètre de Baumé,   à déposer du sel, il y a intérêt à recueillir
              on voit se déposer la plus grande partie de   les eaux une fois concentrées, dans une par­
              sulfate de chaux, et, circonstance impor­  tie restreinte du marais qui soit plus soignée
              tante, le sulfate de chaux se sépare sans   que le reste, en raison du dépôt qu’elle doit
              former cette combinaison de sulfate de chaux   recevoir. C’est pour cela qu’on divise le ma­
              et de sulfate de soude qui se forme dans l’é­  rais en deux groupes principaux de bassins.
              vaporation de l’eau des sources salées, sous   Dans le Midi, on donne à ces deux parties
              l’influence de l’ébullition, dans les chau­  distinctes du marais salant les noms de par­
              dières des salines de l’Est, et que l’on nomme   tènements extérieurs et de partènements inté­
              schlot, produit dont la formation est un   rieurs, et l’on nomme tables salantes les
              si grand inconvénient.                    derniers petits bassins dans lesquels le sel se
                Le dépôt du sulfate de chaux continue    dépose à l’état cristallisé.
              au delà de 21 degrés de l’aréomètre, mais    Les partènements extérieurs reçoivent di­
              avec une abondance beaucoup moindre.       rectement l’eau de mer. L’eau s’y concentre,
              Vers 25 degrés commence le dépôt du chlo­  et de 3°,5 qu’elle marque à l’aréomètre, elle
              rure de sodium. Ce sel se dépose à peu près   y atteint environ 8 degrés. Les partènements
              seul de 25 degrés à 32°,5. Toutefois, vers   intérieurs (qui se nomment dans quelques
              25 degrés, il renferme des proportions     salins du Midi chauffoirs) reçoivent l’eau
              sensibles de sulfate de chaux, et il est   ainsi concentrée, et l’amènent à environ
              accompagné ensuite d’une proportion de    25 degrés. Cette eau passe de là dans les ta­
              sulfate de magnésie, qui va en croissant à   bles salantes.
              mesure qu’on s’approche de 32°, 5 de l’aréo­  Chacun des partènements ou chauffoirs est
              mètre.                                    lui-même divisé en plusieurs comparti­
                Au delà de 32°,5 la proportion de       ments, disposés en pente légère, et qui com­
              sulfate de magnésie qui se dépose, concur­  muniquent entre eux au moyen de petites
              remment avec le sel marin, augmente très-   vannes. L’eau parcourt successivement ces
              rapidement, et le produit ne peut plus être   cases par la seule inclinaison du terrain.
              considéré comme du chlorure de sodium :     L’eau entre dans le premier chauffoir, s’y
              ce n’est plus qu’un mélange de chlorure de   concentre jusqu’à un certain degré, puis
              sodium et de sulfate de magnésie.         passe dans un second chauffoir, où elle se
                D’après cela, pour extraire de l’eau de la   concentre davantage, et ainsi de suite jus­
              mer, du chlorure de sodium à peu près pur,   qu’au dernier partènement, où elle atteint
              il faut arrêter l’évaporation à 32°,5 de l’a­  25 degrés, et d’où elle passe enfin sur une
              réomètre de Baumé.                        table salante.
                L’évaporation spontanée de l’eau de mer   Les tables salantes sont quelquefois pré­
              se fait sur les bords de la Méditerranée, et   cédées d’un petit bassin, nommé avant-pièce.
              quelquefois, comme à Berre et Lavalduc,   Elles sont séparées entre elles par de petites
              sur le bord des étangs salés qui sont en   digues en terre, protégées par des planches.
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