Page 555 - Les merveilles de l'industrie T1

INDUSTRIE DU SEL 551

covie jusqu’en Transylvanie ; les gisements de sable, qui se trouve au-dessous du précé­
de chlorure de potassium qu’on a décou­ dent ; 3° le szybick, le plus inférieur et le
verts au contact du sel gemme, les sources plus pur, qui est cristallin et transparent.
de pétrole qui jaillissent dans leur voisinage, Il est à noter que le sel de Wieliska, surtout
les exploitations de gypse, de soufre et le szybick, laisse dégager un gaz quand on
d’eaux minérales qui leur sont étroitement le dissout dans l’eau. Cette observation est
liées, semblent former, au point de vue fort ancienne et le fait a été bien souvent
géologique, un système complet, qui ouvre vérifié. Quel est le gaz qui se dégage de ces
un champ nouveau aux recherches de la cristaux quand on les dissout dans l’eau?
science et aux travaux de l’industrie. C’est du gaz hydrogène et quelquefois du
gaz hydrogène carboné, c’est-à-dire du
Pour donner d’abord une idée exacte du
grisou. 11 n’en résulte pas, néanmoins, que
terrain dans lequel sont enclavées les masses
des dégagements de grisou soient jamais à
de sel gemme de Wieliska, nous mettrons
craindre pendant l’exploitation du sel.
sous les yeux du lecteur (fîg.347, page 553)
Comme on le remarque sur la coupe géo­
une coupe de ces terrains due au directeur
logique du terrain de Wieliska que donne la
de ces mines, M. Hrdina, et publiée dans
figure 348, le sel gemme se présente en amas,
l’ouvrage de M. Amédée Burat, Géologie
c’est-à-dire en rognons séparés, ce qui in­
appliquée (1).
dique non un dépôt parles eaux,avec couches
Le gisement de sel de Wieliska se trouve,
stratifiées, mais une éjection de la matière
comme nous l'avons dit, dans le terrain ter­
minérale à travers le terrain. M. Amédée
tiaire. M. Hrdina a établi comme il suit la
Burat fait pourtant remarquer que « tous
succession de ces couches :
ces amas sont concordants, et qu’il y a de
1° Terrain d’alluvion, composé de sable jaune, véritables bancs ou couches réellement stra­
d’argile rouge et de sable aquifère. tifiés qui suivent toutes les ondulations du
/Argiles schisteuses, bitumineu- terrain qui les enclave (1). »
I ses, d’un gris sombre. Un ingénieur des mines, M. Emile Heur-
I Argiles schisteuses, brunes et
1 rougeâtres. teau, a parcouru récemment les principaux
lArgiles salifères avec sel vert. centres d’exploitation de cette région et a
2°Formation ^'Argiles saliféres sableuses avec
consigné les résultats de cette étude, dans
salifère. ) coquilles et bitume, renfer-
j mant le sel dit spizza. un mémoire qui a paru au mois de mars
IMarnes avec anhydrife, conte- 1873, dans le Bulletin de la Société d'encou­
I nant le sel dit szybich. ragement, sous ce titre : Les grandes salines
Marnes d’un gris sombre avec
\ gypse fibreux et bancs de grès. de Pologne, les gisements de soufre, de gypse
et de pétrole. Nous emprunterons à ce tra­
3° Grès des Karpathes.
vail la description de l’état actuel des mines
Ce tableau rappelle ce qui a été déjà dit de sel gemme de Wieliska et de Bochnia,
plus haut, à savoir que les masses de sel de ainsi que le mode actuel d’exploitation par
Wieliska ne sont pas composées des mêmes abatage qui est employé dans ces mines.
variétés minéralogiques. Il y a trois sortes de
sel : 1° le sel vert (Grünsalz). C’est le plus « Des grandes salines de Pologne, dit M. Émile
rapproché de la surface. 11 est mélangé de Heurleau, les mines de Wieliska sont les plus illus­
tres. Comme presque toutes celles du pays, elles
5 à 6 pour 100 d’argile, qui lui ôte sa trans­
appartiennent au gouvernement autrichien; leur
parence ; 2° le spizza cristallisé et mélangé exploitation ressortit du ministère des finances. Elles
(1) In-8”, Paris, 1858. Tome I", page 200. [ (1) ibid., page 210.