Page 556 - Les merveilles de l'industrie T1
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552                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                       sont surtout connues par les récits des nombreux   grains contenant, emprisonnées, de nombreuses
                       touristes, qu’ont émerveillés les vastes salles taillées   parties d’argile. Cette variété se rencontre à la par­
                       dans le sel, les chapelles peuplées de statues sculp­  tie supérieure de l’Haselgebirge, dans le voisinage
                       tées dans la roche, les lacs souterrains qui s’engouf­  des sables diluviens qui recouvrent la formation.
                       frent sous des voûtes immenses et mystérieuses.   Elle forme d’immenses lentilles ellipsoïdales, dissé­
                       Deux fois par semaine, la mine est ouverte aux visi­  minées irrégulièrement au milieu de la masse sali­
                       teurs que le chemin de fer amène de Cracovie ; sui­  fère. Chacune de ces lentilles cube plusieurs milliers
                       vant les prix d’un tarif affiché à l’entrée des puits,   de mètres cubes ; leur exploitation a donné lieu à
                       ils peuvent se donner le plaisir de voir les feux d’ar­  ces salles immenses dont les dimensions grandioses
                       tifice et les lueurs de Bengale éclairer les grandes   frappent l’imagination des visiteurs.
                       salles de sel, et d’entendre un orchestre de musiciens   « Au-dessousdeces lentilles de Grûnsalz se trouvent
                       réveiller les longs échos des voûtes. Laissons à d’au­  les amas de Spizasalz, puis de Schibi/cersalz, non plus
                       tres le soin de narrer ces merveilles et dégageons-   disséminés irrégulièrement au milieu de l’Haselge-
                       nous de cette fantasmagorie pour aborder l’examen   birge, mais formant, par leur continuité, des cou­
                       du gîte et des conditions de son exploitation.  ches à peu près régulières, dirigées du nord-ouest
                         « Après avoir traversé des alternances de sables,   au sud-est, plongeant au sud-ouest et dont la puis­
                       d’argiles jaunes plus ou moins sablonneuses et de   sance varie de I â 3 mètres et jusqu’à 4 mètres. Le
                       couches de gravier, on rencontre à Wieliska une   Spizasalz, quelquefois nommé aussi Anhydrilersalz,
                       puissante formation salifère, désignée par les Alle­  est encore un peu impur. Il contient des veines de
                       mands sous le nom d’IIuselgebirge. C’est une masse   marne et d’anhydrite qui sillonnent la couche et de
                       marneuse, d’un brun très-foncé, très-fortement   petits grains de quartz interposés. Le Schibi/cersalz,
                       chargée de sel, sillonnée par des veines irrégulières   qui vient au-dessous, est, au contraire, presque chi­
                       contournées d’anhydrite, et par des couches de mar­  miquement pur, translucide et d’une blancheur
                       nes bariolées, ou d’argiles foncées miroitantes. On   parfaite. L’intervalle qui sépare ces deux formations
                       ne peut mieux donner l’idée de cette formation   est de 3 à 4 mètres. Il est occupé par des couches
                       qu’en la comparant à une sorte de boue noire, prise   minces, assez régulières et alternées d’Haselgebirge,
                       en masse, fortement imprégnée de sel, et empâtant   de sel plus ou moins pur et d’anhydrite. L’épaisseur
                       des fragments de sel plus ou moins pur ou mélangé   de ces veines varie de 0m,10 à ()m,30; les galeries
                       d’argile.                                 qui les traversent et sur les parois desquelles elles
                         « On rencontre au sein de cette massedes fragments   forment des bandes régulières permettent d’en étu­
                       de lignite, et aussi quelques rares fossiles, qui, d’a­  dier facilement la succession. Enfin, au-dessous du
                       près le savant professeur de l’université de Varsovie,   Schibikersalz on retrouve l’Haselgebirge, d’abord
                       M. Zeuscbner, caractérisent la formation subapen-   très-chargé de sel et sillonné par des veines de sel
                       nine de l’époque pliocène. Toute cette formation   gemme, mais qui s’appauvrit d’une manière conti­
                       salifère est très-inclinée plongeant au sud ; au-dessus   nue, jusqu’à ce qu’enfin le sel disparaisse. Dans cette
                       d’elle, au sud de Wieliska, apparaissent des amas de   partie, au mur de la couche de Schibikersalz, l’Ha­
                       gypse, dont le prolongement est exploité à Padgarze,   selgebirge et les veines de sel gemme elles-mêmes
                       et que nous retrouverons lorsque nous décrirons les   sont chargées de matières bitumineuses ; leur cas­
                       dépôts de soufre exploités à Szwoszowice.  sure fraîche dégage une odeur empyreumatique ;
                         « Cette masse d'Haselgebirge est, tout entière, forte­  des fragments de lignite sont empâtés dans la masse.
                       ment imprégnée de sel; cependant on doit y distin­  « En résumé, au cours de cette description som­
                       guer plusieurs parties plus riches, où le sel s’est   maire, la formation salifère de Wieliska nous appa­
                       concentré de manière à former une roche de sel   raît sous la forme d’une puissante masse argilo-
                       gemme presque pur. Ces amas de sel gemme ne for­  marneuse, imprégnée de sel, soit cristallisé en gros
                       ment pas, à proprement parler, des couches régu­  grains, soit condensé en roche amorphe et formant,
                       lières; ce sont simplement des dépôts condensés au   dans ce dernier cas, au milieu même des argiles
                       milieu des bancs salifères et dont l’ensemble arrive   salifères, des amas de sel gemme plus ou moins pur.
                       parfois à former des sortes de couches continues. Ce   Ces amas de sel gemme sont de deux sortes : 1° à la
                       sont ces masses de sel gemme isolées au milieu de   partie supérieure, d’immenses lentillesde sel impur
                       la formation salifère que l’on exploite à Wieliska.  à gros grains, disséminées irrégulièrement au milieu
                         «Ces amas de sel gemme forment trois variétés dis­  de la masse salifère ; c’est le Grûnsalz ; 2° aux hori­
                       tinctes, qui diffèrent entre elles par leur nature   zons inférieurs, des couches semi-régulières et for­
                       minéralogique et par leur degré de pureté, ainsi   mant deux étages : celui du Spizasalz et celui du
                       que par les conditions de leur gisement. Ces trois   Schibikersalz : ce dernier est parfaitement pur. Au
                       variétés sont désignées à W’ieliska sous les noms de   toit, au mur et dans l’entre-deux de ces couches, la
                       Grünsalz, Spizasalz, et Schibikersalz.    masse est sillonnée par des veines contournées d’an­
                         « Le Grûnsalz forme la variété la moins pure. Il se   hydrite alternant avec des veines de sel plus ou
                       présente sous la forme d’une masse foncée à gros   moins pur.
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