Page 559 - Les merveilles de l'industrie T1
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INDUSTRIE DU SEL. ooô
« Le gisement salin exploité à Bochnia se compose, susceptibles, dans presque tout leur développement,
comme à Wieliska, d’une masse argilo-marneuse, d’être exploitées avec fruit, c’est-à-dire ayant plus
plus ou moins bitumineuse, fortement imprégnée de 2 pieds d’épaisseur. La puissance moyenne de
de sel, et sillonnée par des veines d’anhydrite ; au ces couches est de 1m ,50 à 2 mètres : on les a suivies,
milieu de cette masse, le sel gemme s’est concentré en direction, sur un développement de 2 kilomètres,
de manière à former des couches très-inclinées, ir et, en inclinaison, jusqu’à 600 mètres de profondeur.
régulières et discontinues. Cette formation i'Hasel- « Des recherches infructueuses ont été tentées au
gebirge est trcs-inclinée sur l’horizon et plonge au mur et au toit du gîte, dans l’espoir de retrouver
sud; sa direction générale est du nord-ouest au soit les représentants du Grünsalz et du Spizasalz,
sud-est. Son épaisseur est très-variable : aux hori soit des sels alcalins. Au toit, un travers-bancs a été
zons supérieurs, elle atteint, dans la partie moyenne, poussé jusqu’à 120 mètres, sans rencontrer autre
de 40 à 60 mètres de puissance ; mais elle s’amincit chose que des alternances de marne, d’argile, de
sur les bords et n’est plus que de 6 à 10 mètres aux calcaire et de gypse. Au mur, après avoir traversé
extrémités de l’exploitation; aux horizons inférieurs, des couches très-bitumineusesetcontenant quelques
la puissance augmente beaucoup quand on se di fragments de lignite, on a été arrêté par un déga
rige vers l’ouest, et elle s’élève jusqu’à 200 et 300 gement de gaz explosibles hydrocarburés.
mètres. « Il y a peu de chose à dire de la méthode d’ex
« La formation salifère de Bochnia a été décrite, en ploitation en usage àBochnia; elle est très-primitive,
détail, parM. Anton Buch, dans le Bulletin de l’ins et dans de mauvaises conditions économiques. L’ex
titut géologique de Vienne, en 1851, et par M. Julius traction se fait par un très-grand nombre de puits
Drack dans V Osterreichische Zeitschrift fur Berg-und sur chacun desquels est installé un manège à che
Ilüttenwesen, en 1869. M. Buch donne même une vaux. De ces puits partent des galeries de niveau
coupe du gîte, très sommaire et fort incomplète, tracées au toit du gîte et suivant sa direction; per
mais qui est cependant la seule que possèdent les pendiculairement à ces galeries de niveau, on mène
ingénieurs de la mine. La formation d’Ilaselgebirge une série de travers-bancs, distants entre eux de
y est représentée sous la forme d’une sorte de 100 mètres, qui, en traversant toute la formation,
colonne verticale, sillonnée par des veines de sel rencontrent successivement les diverses couches de
très-irrégulières, presque verticales ou plongeant sel. On abat chacune de ces couches par des travaux
au sud. Ces veines de sel peuvent être considérées en descente, en aval du travers-bancs; on descend
comme formant une série de couches parallèles, en doubles gradins, de manière à former de grandes
d’allure très-irrégulière et souvent interrompue; on chambres semi-circulaires ayant la hauteur de lacou-
en distingue trois principales. Le sel de ces couches che, et tout autour desquelles sont disposés les chan
est blanc ou grisâtre, parfois très-pur et translucide, tiers d’abatage. L’abatage se fait, commeàWieliska,en
ne contenant jamais d’impuretés apparentes; il découpant avec le pic, et au moyen d’une sous-cave
donne, par la dissolution, 97 pour 100 de sel et 3 et d’une entaille latérale, des prismes verticaux que
pour 100 de résidu insoluble formé d’argile et de l’on pousse au vide avec des leviers. Le sel abattu
gypse. On peut le considérer comme analogue'au est, comme à Wieliska, débité sur place en parallé-
Schibikersalz de Wieliska; quant au Grünsalz et au lipipèdes, puis on en remplit des sacs, que l’on re
Spizasalz, ils ne sont pas représentés à Bochnia, soit monte à dos d’homme jusqu’au travers-bancs, dans
que ces formations supérieures n’y aient jamais lequel il s’emmagasine, pour n’être remonté au jour
existé, soit qu’elles aient été enlevées par l’effet que suivant les besoins de la consommation. Comme
d’érosions postérieures. à Wieliska, on ne remblaye ni ne boise, mais on se
» Les galeries à travers-bancs, dépourvues de boi contente de soutenir les points faibles par des tas
sage, qui sillonnent le gîte, permettent, à qui les de bois empilés en bûchers. Dans ces conditions
parcourt, de suivre, sur leurs parois, la succession d’exploitation, le prix de revient s’élève à 16 fr. 50
des couches inclinées qu’elles traversent. Parlant par tonne, sur le pied d’une production annuelle
des argiles schisteuses noires et bitumineuses qui de 16 à 17,000 tonnes (1). »
sont au mur de la formation, on rencontre d’abord
une couche assez puissante d’argile salifère empâ (I) Bulletin de la Société d’encouragement, mars 1873.
tant des blocs irréguliers de sel, puis on traverse
une succession de couches de sel alternant avec des
strates d’argile miroitante et de sable, des lits d’ar
giles salifères, et enfin des veines d’anhydrite con-
crélionnée, abondantes surtout au voisinage du mur.
Près du toit, les argiles salifères sont chargées de
sels magnésiens, qui s’effleurissent à l’air sur les pa
rois des galeries. Le nombre des couches de sel est
considérable; mais on en compte trois principales,