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526                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                         Le chlorate de potasse est formé de po­  de l’amiante humectée d’acide sulfurique
                       tasse et d’un acide, l’acide chlorique, qui se   concentré, servait à enflammer l’extrémité
                       décompose très-facilement en ses éléments,   d’une allumette enduite d’un mélange de
                       l’oxygène et le chlore. Si, sur du chlorate de   chlorate de potasse, de soufre et d’un peu
                       potasse sec, on verse quelques gouttes d’a­  de gomme. Ces briquets n’eurent qu’une
                       cide sulfurique, il se dégage un gaz jaune,   vogue éphémère, car l’acide sulfurique con­
                       qui n’est autre chose que cet acide chlori­  tenu dans le flacon s’hydratait à l’air et était
                       que, d’une décomposition si facile. On com­  inactif au bout de quelques jours. Mais ils
                       prend donc que, si l’on mêle le chlorate de   eurent l’avantage de doter l’industrie de l’al­
                       potasse avec un corps combustible, et qu’on   lumette chimique actuelle. Les allumettes
                       verse sur ce mélange de l’acide sulfurique,   chimiques, qui se répandirent vers 1835,
                       le gaz acide chlorique, prenant naissance   n’étaient que l’ancien briquet oxygéné, dans
                       et réagissant tout aussitôt sur ces produits |  lequel le phosphore remplaça l’acide
                       combustibles, déterminera leur combustion   sulfurique. Elles s’enflamment par simple
                       subite. Un mélange de chlorate de potasse   friction. Voici le mélange le plus conve­
                       et de poudre à canon, ou bien de sulfure   nable.
                       d’antimoine, ou seulement d’amidon, s’en­
                                                                      Chlorate de potasse......................... 2
                       flamme subitement par l’action de l’acide
                                                                      Phosphore......................................... 4
                       sulfurique.                                    Gomme arabique..............................  7
                         Une expérience fort intéressante se fait     Gélatine............................................. 2
                                                                      Indigo................................................  q.s.
                       dans les cours de chimie. Dans un verre
                       à expérience, on met une petite quan- !
                                                                   Recouvertes d’un vernis de sandaraque,
                       tité d’eau, du chlorate de potasse et quel­
                                                                 elles sont à l’abri de l’humidité.
                       ques raclures de phosphore. On plonge
                                                                   Nous reviendrons, avec les détails néces­
                       ensuite au, fond du vase l’extrémité effilée
                                                                 saires, sur ces diverses compositions dans la
                       d’un petit entonnoir, par lequel on fait
                                                                 Notice sur le Phosphore et les Allumettes
                       couler de l’acide sulfurique concentré.
                                                                 chimiques, qui fera partie de ce volume.
                       Aussitôt de nombreux jets de lumière ap­
                       paraissent au milieu de l’eau, et l’on a le
                       curieux spectacle d’un feu brûlant sous !
                       l’eau. L’ignition est due à la combustion             CHAPITRE XIII
                       du phosphore par l’oxygène de l’acide
                                                                   L’ALCALIMÉTRIE. — PRINCIPES ET PROCÉDÉ PRATIQUE
                       chlorique.                                       DE CETTE MÉTHODE D’ANALYSE RAPIDE.
                         Les usages du chlorate de potasse sont
                                                                   « Autrefois et cela ne date pas d’assez loin pour
                       aujourd’hui nombreux et provoquent une
                                                                 qu’on l’ait oublié, on voyait souvent acheter à un
                       grande consommation de ce sel. Il est
                                                                 plus haut prix des soudes et des potasses d’une ri­
                       employé dans les maladies des gencives, avec   chesse alcaline moindre que celles qu’on refusait à
                       un succès incontesté. Dans les laboratoires   un prix inférieur. Ce n’est que depuis les recher­
                                                                 ches de Vauquelin, de Descroizilles et de Gay-Lussac,
                       de chimie on s’en sert, comme nous l’avons
                                                                 que le fabricant marche à coup sûr, et ne paye que
                       dit plus haut, pour obtenir l’oxygène pur.   la quantité réelle d’alcali qu’on lui livre. »
                       Dans l’industrie, il sert à la confection des
                       briquets oxygénés, qui furent l’idée pre­   Ainsi s’exprime Gabriel Decroos, dans
                       mière de l’allumette chimique.            son Traité des savons publié en 1829, et il
                         Ces briquets se composaient de tout un   serait difficile de donner en moins de mots
                       petit outillage. Un flacon de verre contenant   une définition plus exacte de l’alcalimé­
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