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LES SOUDES ET LES POTASSES.                              531


           giqucs. Nicholson et Carliste avaient réussi   que l’on parvint à isoler facilement le ba­
           à décomposer l’eau par le courant voltaïque ;   ryum, le strontium, le calcium, le magné­
           Berzélius, à séparer le sel en ses deux élé­  sium et l’aluminium.
           ments. Davy essaya, à son tour, l’action de   Cependant l’action de la pile ne fournit,
           la pile sur les alcalis et les terres.     comme il est facile de le comprendre, qu’une
             Il soumit d’abord à l’action de la pile une   quantité excessivement faible de potassium
           dissolution concentrée de potasse ; mais   ou de sodium. Aussi a-t-on cherché à trou­
           l’eau se décomposait seule. 11 mit ensuite   ver des procédés qui permissent de réaliser
           de la potasse sèche entre les deux conduc­  en grand cette décomposition, afin d’obtenir
           teurs de la pile, mais aucun phénomène    du potassium en quantités notables, pour
           apparent ne se manifestait, parce que la   l’appliquer aux besoins pratiques de la
           potasse solide ne conduit pas l’électricité.   chimie. Ce problème fut résolu d’une ma­
           Il augmenta alors considérablement la force   nière très-satisfaisante par MM. Gay-Lussac
           de la pile, de manière à fondre la potasse   et Thénard qui décomposaient la potasse
           par la chaleur du courant voltaïque, et il   par le fer porté au rouge.
           obtint des signes évidents de décomposi­     Plus tard, un chimiste allemand, Brün-
           tion. Au pôle positif, il se manifestait   ner, rendit l’opération plus simple en­
           un bouillonnement gazeux dû au dégage­    core en décomposant le carbonate de
           ment du gaz oxygène ; au pôle négatif, une   potasse par le charbon, dans des creusets
           vive incandescence apparut; elle était due   chauffés au rouge ’ blanc. Le charbon dé-
           à l’apparition de globules de potassium   soxydant la potasse, rendait libre le potas­
           qui, dès qu’ils avaient pris naissance, se   sium, qui se volatilisait, et que l’on recueil­
           recombinaient avec ignition à l’oxygène   lait dans de l’huile de naphte, qui le pré­
           de l’air.                                  servait de toute altération par l’eau.
             Davy parvint à isoler quelques-uns de ces   La préparation du potassium par le pro­
           globules métalliques. Il constata leur affinité   cédé de Brünner ne fournissait pourtant que
           extraordinaire pour l’oxygène, reconnut que   de très-faibles quantités de produit, et ce
           dans ce cas ils reconstituaient de la potasse,   métal curieux était toujours une rareté et
           et parvint ainsi à mettre hors de doute la   un objet de grande valeur dans les labora­
           véritable composition de cet alcali.       toires lorsque, vers 1855, M. Sainte-Claire
             Peu de temps après, Schœbeck simplifia   Deville parvint à simplifier extraordinaire­
           beaucoup la manière d’obtenir le potassium,   ment les préparations de potassium et celles
           en faisant intervenir une force chimique en   de sodium.
           même temps qu’une action électrique. Il      Nous avons déjà fait connaître le pro­
           plaça du mercure au pôle négatif où se rend   cédé de M. Sainte-Claire Deville pour les
           le potassium. Par ce moyen, le potassium   préparations de sodium, et dit qu’il con­
           s’amalgame au mercure, qui le préserve     siste dans un simple perfectionnement du
           de l’action de l’air. Si, ensuite, on distille   procédé de Brünner. Au carbonate de soude,
           cet amalgame, le mercure se volatilise et le   qui doit être décomposé par le charbon,
           potassium reste dans la cornue. Il faut, pour   comme dans le procédé du chimiste alle­
           décomposer ainsi la potasse, employer une   mand, M. Sainte-Claire Deville ajoute de
           pile formée de 80 couples de Bunsen.       la craie. La craie, décomposée par la cha­
              Plus tard, on eut l’idée d’obtenir les mé­  leur, fournit un dégagement de gaz acide
           taux terreux par l’action du potassium sur   carbonique, qui, se joignant au même gaz
           les chlorures de ces métaux, et c’est ainsi   provenant de la décomposition du carbo­
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