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530 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
pour ainsi dire de la découverte du potas
DÉS DE GAY-I.USSAC ET DE BRÜNNER.— PRÉPARATION Dü
SODIUM ET Dü POTASSIUM PAR LE PROCÉDÉ DE M. SAINTE-
sium et du sodium. Personne n’ignore que
CLAIRE DEVILLE.
Davy a eu le bonheur de retirer, au moyen
de la pile voltaïque, le potassium et le so
Nous avons toujours parlé jusqu’ici de la
dium de la potasse et de la soude. Nous
potasse et de la soude, ainsi que ces sels
avons raconté avec tous les détails néces
auxquels donnent naissance des deux al
saires cette découverte capitale dans les
calis. Nous devons maintenant dire quelques
Merveilles de la science (1) ; mais nous
mots sur le sodium et le potassium mé
croyons utile de revenir en quelques mots
talliques.
sur cette question. La découverte faite par
Tous les traités de chimie disent que le so
Davy du sodium et du potassium a ouvert
dium et le potassium ont été isolés par Davy,
de nouveaux horizons à la chimie, en la
qui, en 1807, réussit à décomposer la soude
dotant d’un agent nouveau, le sodium, as
et la potasse par la pile voltaïque. Il serait
sez puissant pour déceler la présence de
juste d’ajouter que cette découverte avait
l’oxygène partout où il se rencontre, et en
été pressentie quelques années auparavant
donnant le moyen de dégager les éléments
par un chimiste manufacturier de Paris,
d’une foule de substances dont la composi
nommé Curaudeau.
tion était demeurée jusqu’alors complète
Curaudeau était doué d’une imagination
ment inconnue. On ne saurait donc trop
trop-vive pour approfondir les idées ingé
insister sur une découverte d’un ordre aussi
nieuses que lui suggérait son esprit obser
capital.
vateur. Cette mobilité d’idées empêchait
La composition chimique de la potasse
le monde savant d’ajouter confiance aux sin
fut dévoilée en 1807 par Davy. En voyant
guliers résultats qu’il annonçait sans cesse ;
les alcalis et les terres saturer les acides
de sorte que, loin de recevoir des encoura
comme le font les oxydes métalliques, on
gements de ses contemporains, il s’en fal
avait été porté, avant les travaux de Davy,
lut de bien peu qu’on ne le rebutât comme
à regarder les terres et les alcalis comme des
un charlatan. On ne peut cependant lui con
oxydes métalliques. On trouve même cette
tester d’avoir le premier, c’est-à-dire avant
pensée exprimée de la manière la plus for
Ilumphry Davy, annoncé l’existence d’un
melle dans les écrits de Lavoisier; mais, d’un
métal dans la soude et la potasse et d’avoir
autre côté, on avait découvert la composition
même aperçu ce métal.
de l’ammoniaque, qui ne renferme que de
Ce fut en calcinant la potasse avec le
l’hydrogène et de l'azote, et l’on inclinait
charbon que Curaudeau reconnut le nouveau
également à attribuer aux alcalis et aux
métal à l’état de vapeurs. Le procédé d’ex
terres, qui ressemblent tant à l’ammoniaque
traction du potassium et du sodium à
au point de vue chimique, une composition
l’aide du carbonate de potasse ou de soude
analogue à celle de ce dernier alcali. Sili
et du charbon a été consigné par Curau-
ces entrefaites, les propriétés décomposan
daeu dans le Moniteur du 26 avril 1808 et
tes du courant de la pile voltaïque furent
dans le Journal de physique de la même
découvertes. Les chimistes trouvaient dans
époque; mais le fait de l’existence de ces
cet agent nouveau un moyen puissant et
deux métaux avait été annoncé par l’auteur
jusque-là inconnu de séparer en leurs
quelques années auparavant.
éléments les combinaisons les plus éner-
Après avoir rendu justice à un inventeur
ignoré, nous arrivons à l’histoire classique (1) Tome I {la pile de Vulta), pages 664 et suivantes.