Page 534 - Les merveilles de l'industrie T1
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530                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                                                               pour ainsi dire de la découverte du potas­
                      DÉS DE GAY-I.USSAC ET DE BRÜNNER.— PRÉPARATION Dü
                      SODIUM ET Dü POTASSIUM PAR LE PROCÉDÉ DE M. SAINTE-
                                                               sium et du sodium. Personne n’ignore que
                      CLAIRE DEVILLE.
                                                               Davy a eu le bonheur de retirer, au moyen
                                                               de la pile voltaïque, le potassium et le so­
                      Nous avons toujours parlé jusqu’ici de la
                                                               dium de la potasse et de la soude. Nous
                    potasse et de la soude, ainsi que ces sels
                                                               avons raconté avec tous les détails néces­
                    auxquels donnent naissance des deux al­
                                                               saires cette découverte capitale dans les
                    calis. Nous devons maintenant dire quelques
                                                               Merveilles de la science (1) ; mais nous
                    mots sur le sodium et le potassium mé­
                                                               croyons utile de revenir en quelques mots
                    talliques.
                                                               sur cette question. La découverte faite par
                      Tous les traités de chimie disent que le so­
                                                               Davy du sodium et du potassium a ouvert
                    dium et le potassium ont été isolés par Davy,
                                                               de nouveaux horizons à la chimie, en la
                    qui, en 1807, réussit à décomposer la soude
                                                               dotant d’un agent nouveau, le sodium, as­
                    et la potasse par la pile voltaïque. Il serait
                                                               sez puissant pour déceler la présence de
                    juste d’ajouter que cette découverte avait
                                                               l’oxygène partout où il se rencontre, et en
                    été pressentie quelques années auparavant
                                                               donnant le moyen de dégager les éléments
                    par un chimiste manufacturier de Paris,
                                                               d’une foule de substances dont la composi­
                    nommé Curaudeau.
                                                               tion était demeurée jusqu’alors complète­
                      Curaudeau était doué d’une imagination
                                                               ment inconnue. On ne saurait donc trop
                    trop-vive pour approfondir les idées ingé­
                                                               insister sur une découverte d’un ordre aussi
                    nieuses que lui suggérait son esprit obser­
                                                               capital.
                    vateur. Cette mobilité d’idées empêchait
                                                                 La composition chimique de la potasse
                    le monde savant d’ajouter confiance aux sin­
                                                               fut dévoilée en 1807 par Davy. En voyant
                    guliers résultats qu’il annonçait sans cesse ;
                                                               les alcalis et les terres saturer les acides
                    de sorte que, loin de recevoir des encoura­
                                                               comme le font les oxydes métalliques, on
                    gements de ses contemporains, il s’en fal­
                                                               avait été porté, avant les travaux de Davy,
                    lut de bien peu qu’on ne le rebutât comme
                                                               à regarder les terres et les alcalis comme des
                    un charlatan. On ne peut cependant lui con­
                                                               oxydes métalliques. On trouve même cette
                    tester d’avoir le premier, c’est-à-dire avant
                                                               pensée exprimée de la manière la plus for­
                    Ilumphry Davy, annoncé l’existence d’un
                                                               melle dans les écrits de Lavoisier; mais, d’un
                    métal dans la soude et la potasse et d’avoir
                                                               autre côté, on avait découvert la composition
                    même aperçu ce métal.
                                                               de l’ammoniaque, qui ne renferme que de
                      Ce fut en calcinant la potasse avec le
                                                               l’hydrogène et de l'azote, et l’on inclinait
                    charbon que Curaudeau reconnut le nouveau
                                                               également à attribuer aux alcalis et aux
                    métal à l’état de vapeurs. Le procédé d’ex­
                                                               terres, qui ressemblent tant à l’ammoniaque
                    traction du potassium et du sodium à
                                                               au point de vue chimique, une composition
                    l’aide du carbonate de potasse ou de soude
                                                               analogue à celle de ce dernier alcali. Sili­
                    et du charbon a été consigné par Curau-
                                                               ces entrefaites, les propriétés décomposan­
                    daeu dans le Moniteur du 26 avril 1808 et
                                                               tes du courant de la pile voltaïque furent
                    dans le Journal de physique de la même
                                                               découvertes. Les chimistes trouvaient dans
                    époque; mais le fait de l’existence de ces
                                                               cet agent nouveau un moyen puissant et
                     deux métaux avait été annoncé par l’auteur
                                                               jusque-là inconnu de séparer en leurs
                    quelques années auparavant.
                                                               éléments les combinaisons les plus éner-
                       Après avoir rendu justice à un inventeur
                     ignoré, nous arrivons à l’histoire classique   (1) Tome I {la pile de Vulta), pages 664 et suivantes.
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