Page 531 - Les merveilles de l'industrie T1

LES SOUDES ET LES POTASSES. 527

trie, de mieux faire comprendre les services j rendu plus pratique ce précieux moyen
que cette opération rend à l’industrie. En d’analyse rapide. La méthode de Descroi­
effet, l’un des plus grands services que la zilles donnait simplement les degrés alcali-
science ait rendus aux fabricants de pro­ métriques. Cette même méthode, perfec­
duits chimiques, c’est de leur avoir donné tionnée par Gay-Lussac, fit connaître d’une
le moyen d’apprécier avec rigueur la force manière certaine, le titre des soudes ou des
réelle des alcalis qu’ils emploient dans potasses essayées.
leurs diverses opérations. L’alcalimétrie ne
se borne pas, d’ailleurs, à l’appréciation Nous expliquerons tout à l’heure com­
exacte des potasses et des soudes, on ap­ ment on procède lorsqu’on veut faire l’essai
plique le même principe au dosage des aci­ d’une soude ou d’une potasse. Commen­
des minéraux employés dans les arts. çons par indiquer le principe sur lequel re­
L’alcalimétrie n’est pas arrivée tout d’un pose l’alcalimétrie.
coup au point de perfectionnement qui en L’alcalimétrie est fondée sur le principe de
rend aujourd’hui l’usage si facile, même aux la saturation des acides par des quantités in­
personnes peu familiarisées avec les mani­ variables d’alcali. On a constaté par l’expé­
pulations chimiques. Sans parler des travaux rience que, pour saturer exactement 5 gram­
de Richter, de Walter, de Vauquelin, de mes d’acide sulfurique à 66° de l’aréomètre
Berthollet, c’est grâce aux essais répétés de de Beaumé, il faut employer 4gr,807 de carbo­
Descroizilles et de Gay-Lussac que l’on est ar­ nate de potasse pur. Si donc on dissolvait
rivé au système qui est aujourd’hui en usage. dans l’eau 5 grammes d’acide sulfurique à
Richter déterminait au moyen d’une ba­ 66°, qu’on étendît le liquide avec de l’eau
lance la quantité d’acide sulfurique qu’il distillée, de manière à obtenir un certain
fallait employer pour opérer la saturation volume de" liquide que l’on placerait dans
d’un alcali commercial ; mais l’opération un tube de verre divisé en cent parties
était longue et présentait toutes les diffi­ égales ; si ensuite on dissolvait dans l’eau
cultés d’une analyse chimique ordinaire. 4gr,807 de carbonate de potasse à essayer,
Vauquelin appréciait la richesse d’une il est clair que si ce carbonate de potasse
potasse, en la neutralisant par de l’acide que l’on essaye est rigoureusement pur,
azotique d’une densité connue. Une expé­ il absorbera, pour être neutralisé, toute la
rience préalable avait lieu pour déterminer liqueur acide, ou liqueur alcalimétrique. Si
la quantité nécessaire pour saturer un cer­ cette potasse renferme 20 p. 100 de ma­
tain poids de potasse pure. tières étrangères, elle n’exigera, pour sa sa-
Descroizilles est le véritable créateur de I turation, que 80 parties de la liqueur acide.
l'alcalimétrie. En 1806, il publia sa pre­ On reconnaît le moment de la saturation
mière description d’un alcalimètre dans les de l’alcali par l’acide sulfurique, à ce que la
Annales de chimie. Plus tard, il fit breveter । teinture de tournesol que l’on ajoute n’est pas
cet appareil. ramenée par l’acide libre à la teinte rouge
Descroizilles substitua les mesures aux pâle, ou teinte pelure d’oignon, comme on
pesées. 11 proposa le premier de déterminer l’appelle dans les laboratoires.
la proportion d’acide sulfurique, en Mesu­ Ainsi, une potasse renfermera autant de
rant le volume de l’acide qu’il fallait em­ kilogrammes d’alcali carbonaté pur qu’elle
ployer pour opérer la saturation, au lieu de saturera de centièmes d’acide, quand on
le peser comme on l’avait fait avant lui. prendra pour l’essai 4gr,807 du produit à
Après lui, Gay-Lussac a perfectionné et essayer.