Page 523 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES. 519
pas acquis une grande importance. En 1867, froid, du sulfate de magnésie et du chlo
elle fournit 150 tonnes seulement d’un rure de sodium contenus dans ces eaux.
carbonate de potasse, d’une pureté remar Mais tout s’était borné à des études de labo
quable d’ailleurs, qui ne contenait pas ratoire qui n’avaient amené aucun résultat
plus de 4 pour 100 de carbonate de soude. important au point de vue industriel. En
Aussi, contrairement aux potasses de bette 1844, M. Balard reprit la question. Il indi
raves qui sont plus recherchées des savon qua le parti que l’on pouvait tirer des eaux
niers, comme nous venons de le dire, les de la mer pour en extraire la potasse, en
potasses extraites du suint sont-elles em s’adressant aux eaux-mères des marais sa
ployées de préférence pour la fabrication lants, c’est-à dire aux eaux qui restent dans
du cristal. ' le marais salant après que l’on a extrait le
sel marin par l’évaporation et la cristallisa
Passons à l’extraction de la potasse des tion naturelles.
substances minérales qui la renferment. M. Balard parvint a rendre pratique le
Nous ne citerons que pour mémoire un procédé signalé pour la première fois par
procédé dû àM. Wardayant, et qui consiste Scheele. Pendant les froids de l’hiver, il
à extraire la potasse du feldspath (silicate étendait sur de vastes surfaces les eaux mères
double d’alumine et de potasse). des marais salants. Ces eaux contiennent du
On chauffe au rouge un mélange de feld sulfate de magnésie et du chlorure de so
spath, de spath fluor et de chaux. Par cette dium. Sous l’influence de la basse tempéra
calcination, la potasse du feldspath se change ture, en vertu de ces lois physiques que Ber-
en fluorure de potassium. Ce sel, traité par thollet a mises en lumière, et qui vont à
la chaux, donne directement de la potasse l’encontre des lois ordinaires de l’affinité,
caustique. il se faisait un échange entre les bases et
Ce procédé n’a pas eu d’application véri les acides. Du sulfate de soude prenait nais
tablement industrielle. sance et se précipitait, parce que le sulfate
de soude est insoluble dans l’eau refroidie
Nous arrivons aux méthodes imaginées par au-dessous de zéro. Dans l’eau froide restait
M. Balard, pour extraire les quantités infi dissous le chlorure de magnésium.
nitésimales de potasse qui existent dans l’eau Seulement, et on le comprend, il ne fallait
de la mer. pas laisser les matières en présence lorsque
Résumons d’abord les antécédents de la l’on revenait à une température plus éle-
question. : vée ; car alors la réaction inverse se produi-
Dès 1785 Scheele,et Grena en 1794, avaient । sait et le sel marin était régénéré. On se
constaté qu’en refroidissant une dissolution ’ hâtait donc d’emporter le sulfate de soude,
contenant du sulfate de magnésie et du sel dès que sa précipitation était accomplie. Une
marin, il se produit des cristaux de sulfate nuit froide suffisait pour que cette décom
de soude, tandis que l’eau mère retient du position s’effectuât sur d’immenses éten
chlorure de magnésium. Ces chimistes dues.
avaient reconnu également que les eaux Rien n’est assurément plus curieux que
mères des sources salées, abandonnées à cette industrie qui a pour agent unique le
l’action du froid, pendant l’hiver, laissent froid d’une nuit d’hiver, et qui, en quel
déposer une grande quantité de sulfate de ques heures, peut donner des millions de
soude, dont la production est due à la dé kilogrammes de produit.
composition réciproque, sous l’influence du Cependant, comme dans le midi de la