Page 521 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES                               517



























                          Fig. 341. — Coupe du four pour la carbonisation des vinasses de betteraves.


            qu’elle est enflammée, on la laisse brûler   qu’après l’extraction du sucre, tous les com­
            sans la remuer, et on alimente le feu en y   posés alcalins ou terreux qui existent dans
            projetant de nouveaux pains de lie, de ma­  le tissu de la betterave, doivent être con­
            nière que le feu soit entretenu jusqu’à ce   centrés dans le résidu des opérations, c’est-
            que le fourneau soit rempli du résidu de la   à-dire dans les mélasses. Il fit donc des
            combustion. Ce résidu forme une masse lé­  essais pour tirer parti d’abord des mélasses,
            gère, spongieuse, cassante et de couleur ver­  pour transformer en alcool le sucre qu’elles
            dâtre, qui porte le nom de cendres gravelées.  renferment encore; ensuite de la mélasse
              'Les cendres gravelées ont peu d’importance   évaporée et calcinée, pour retirer des cen­
            commerciale, car leur fabrication est très-   dres de cette matière la potasse qu’elles
            restreinte et ne s’exécute que dans quelques   contiennent.
            pays vignobles. Mais l’alcali qu’elles ren­  Voici le procédé suivi par M. Dubrunfaut.
            ferment est très-pur. Le tartre qui est con­  On commence par faire fermenter les mé­
            tenu dans le vin, et qui s’est précipité avec   lasses, et on en sépare l’alcool par distilla­
            la lie et les dépôts de tonneaux, est le produit   tion. Le résidu, ou ce que dans les ateliers
            qui fournit la potasse. Ce tartre est un mé­  on nomme la vinasse, est traité par de la
            lange de tartrate acide de potasse et de tar-   craie, pour saturer les acides libres qu’elle
            trate de chaux. Décomposé par le feu, il   renferme. La liqueur est ensuite concentrée,
            laisse du carbonate de potasse mêlé de car­  soit dans des chaudières en fonte chauffées
            bonate de chaux.                          à feu nu, soit dans des cuviers en bois, tra­
                                                      versés par des serpentins de vapeur, soit
              On doitàM. Dubrunfaut une autre source   enfin dans des cuves plates placées au-dessus
            de potasse beaucoup plus importante : nous   des fours de l’usine et chauffées par le calo­
            voulons parler des mélasses de betteraves,   rique perdu de ces fours. Quand le liquide
            dans lesquelles l’analyse chimique avait si­  évaporé est parvenu à l’état sirupeux, c’est-à-
            gnalé de fortes proportions de sels de po­  direàenviron 25°de l’aréomètre pèse-sel, on
            tasse.                                    verse ce liquide dans un réservoir. Par le
              M. Dubrunfaut partit de cette idée      repos, le sulfate de chaux se précipite. Après
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