Page 516 - Les merveilles de l'industrie T1
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512                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                     sorte que pour être logique, c’est à la soude  ! exclusivement au règne végétal ; mais on a
                      qu’il faudrait appliquer l’axiome, d’ailleurs   reconnu depuis que c’était là une erreur com­
                      si vrai, du chimiste allemand.            plète, car on trouve de la potasse à l’état
                                                                naturel dans beaucoup de roches. Elle existe
                                                                dans le feldspath, dans l’obsidienne,
                                                                la lépidolithe, etc., quelquefois même dans
                                  CHAPITRE X
                                                               la terre labourable. Nous parlerons plus
                     LA POTASSE. — SES DIFFÉRENTS NOMS. — PROCÉDÉ POUR   loin d’un gisement de sel de potasse con­
                       SA PRÉPARATION. — COMPOSITION DES CENDRES VÉGÉ­  sidérable, celui de Stassfürt, en Prusse, qui
                       TALES QUI FOURNISSENT LA POTASSE. — LESSIVAGE. —
                                                               fut découvert à la suite de travaux com­
                       ÉVAPORATION. — CONCENTRATION. — LES DIFFÉRENTES
                                                               mencés en 1839 et qui ont duré plus de
                       POTASSES DU COMMERCE.
                                                               vingt-cinq ans.
                       Nous axons dit, au début de cette Notice,   Outre le nom A'alcali végétal, la potasse,
                     qu’il y a une si grande analogie entre la   portait autrefois celui de sel de tartre, parce
                     soude et la potasse, que, jusqu’au milieu du   qu'on la retirait de la combustion du tartre
                     xvme siècle, on confondait l’un avec l’autre   du vin. Kirwan lui donnait le nom de tar-
                     ces deux alcalis. Cette analogie de propriétés   taria; Klaproth l’appelait Icali, et le docteur
                     nous permettra de beaucoup abréger ce que   Black lixivia. Comme la potasse caustique,
                     nous avons à dire des potasses.           c’est-à-dire décarbonatée, sert, en chirurgie,
                       De même que l’on distingue les soudes en   à brûler les chairs, on l’a aussi nommée
                     naturelles et en factices, il faut distinguer la   vulgairement pierre à cautère. Ajoutons dès
                     potasse naturelle de la potasse artificielle.   maintenant que le nom de perlasse, donné
                     La première est retirée des cendres végé­  par les Américains à des potasses granu­
                     tales, la seconde fabriquée par des moyens   lées, vient des mots anglais pearl-ashes (cen­
                     chimiques.                                dres perlées), parce que ces cendres ont l’as­
                       La soude naturelle, ou végétale, s’obtient, ,   pect de granules ou de perles.
                     nous l’avons vu, par l’incinération des plantes
                     marines ; la potasse naturelle s’obtient éga- I   L’incinération des branches d’arbre qui
                     lement par incinération. Seulement ce sont i   doivent fournir la potasse se fait par les
                     les plantes, les arbrisseaux des terres inté- I   mêmes moyens que nous avons décrits pour
                     rieures qui fournissent les cendres dont on   la production de la soude, mais, on est heu­
                     extrait la potasse.                       reux de le dire, elle ne se pratique que bien
                       Ce mot vient de pot, vocable anglais et   exceptionnellement en France, où le travail
                     flamand qui signifie pot, creuset, et A’asche \   et la facilité des transports ont fait atteindre
                     ou ashes, qui signifie cendres. Les potasses |   au bois un prix plus rémunérateur que celui
                     sont donc les cendres de pots, c’est-à-dire le   qu’on pourrait réaliser par son incinération.
                     produit retiré des creusets qui ont servi à ,   Grâce aux progrès de l’industrie, on peut
                     incinérer les plantes.                    aujourd’hui se procurer économiquement la
                       On appelle salinAe produit qui résulte de   potasse par des moyens moins barbares que
                     l’évaporation de la lessive des cendres. Ce j   la destruction des forêts.
                     salin, étant calciné à la chaleur rouge, donne   En France, ce n’est guère que dans les
                     un produit plus blanc, la potasse.        Vosges qu’on pratique l’incinération des
                       Pendant longtemps on a désigné la potasse   bois ; encore cette industrie y perd-elle
                     par la dénomination A'alcali végétal, parce   chaque jour de son importance.
                     qu’on l’avait considérée comme appartenant  En Suède, dans quelques parties de T Aile-
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