Page 515 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES                               511

            cristaux de carbonate de soude humectés ou   On fait chauffer au rouge sombre du sul­
            dans des bonbonnes remplies d’une dissolu­  fure de sodium (préparé avec 2 parties de
            tion de ce sel alcalin. L’acide sulfureux qui   soufre et 1 partie de carbonate de soude
            sert à cette fabrication peut être produit par   anhydre) avec un mélange de silicate et d’a-
            l’action de l’acide sulfurique sur du char­  luminate de chaux, qu’on obtient en dissol­
            bon ou sur du bois.                       vant de l’alumine et de la silice gélatineuse
                                                      ■ dans la soude caustique et évaporant la dis-
              Le borax (borate de soude) joue un rôle  | solution à siccité. Ce mélange doit contenir
            important dans les analyses de laboratoire.   par parties égales de la silice et de l’alu­
            Lorsqu’on le fond au chalumeau, avec les   mine anhydres ; la masse calcinée est re­
            différents oxydes métalliques, il les dissout,   prise par l’eau qui enlève le sulfure de so­
            et prend des teintes variables, qui servent à   dium en excès et laisse de l’outremer d’une
            caractériser ces oxydes. L’oxyde de cobalt  . teinte un peu verte.
            le colore en bleu ; l’oxyde de manganèse, en   D’autres méthodes , qui donnent égale- ’
            brun rougeâtre, etc. Il sert aussi dans la   ment un bel outremer, ont été découvertes et
            soudure ; on en recouvre les métaux et en   rendues publiques, de sorte que ces procédés
            fondant il forme un vernis qui empêche ces   sont entrés complètement dans l’industrie,
            métaux de s’oxyder.                        et que l’outremer factice, qui produit d’aussi
                                                       beaux effets que l’outremer naturel, ne coûte
              Énumérer les autres sels que fournit la   que 2 pour 100 de ce qu’il coûtait autrefois.
            soude, et qui sont en usage dans l’industrie
            et les arts, nous entraînerait trop loin. Nous   Comme on le voit, nous retrouvons l’em­
            ne citerons que pour mémoire l’hyposulfite,   ploi de la soude ou de ses dérivés dans les
            le séléniate, les chlorates, les silicates, etc.  plus grandes industries comme dans les
              Nous dirons toutefois un mot d’un com­   plus humbles usages domestiques. Ajoutons
            posé qui a pour base des sels de soude :   que les efforts de la science tendent à rem­
            nous voulons parler de Youtremer factice,   placer, partout où on peut le faire, la potasse
            dont l’introduction dans l’industrie de la   qui coûte plus cher, par la soude qui s’ob­
            teinture a produit une véritable révolution.  tient aujourd’hui si facilement et en telles
               Yi outremer naturel était extrait autrefois   quantités qu’on le désire.
            d’un minéral très-rare, le lapis-lazuli, de   Nous donnerons, à la fin du chapitre sui­
            sorte qu’il revenait fort cher, et qu'il était peu   tes potasses, un tableau dans lequel sont ré­
            employé. En 1827, un industriel, de Lyon,   sumés tes usages de la soude, ceux de la po­
            M. Guimet, parvint le premier à produire   tasse et ceux qui sont communs à ces deux
            artificiellement de l’outremer d’une teinte   alcalis. La seule inspection de ce tableau
            bleue magnifique et comparable à celle de   indiquera l’importance du rôle de ces deux
            l’outremer naturel.                        substances, dans l’industrie moderne, et per­
               M. Guimet, qui avait obtenu une récom­  mettra d’entrevoir l’avenir qui leur est ré-
             pense pour avoir doté l’industrie d’une sub­ I servé lorsque tes essais et tes efforts qui se
             stance nouvelle et économique, ne fit pas   tentent chaque jour leur auront encore créé
             connaître les procédés par lesquels il pro­ ' de nouvelles applications. M. Liebig a dit
             duisait son outremer. Deux années plus    que tes progrès d’une nation peuvent se me­
             tard, M. Gmelin obtenait à son tom" cette   surer à la quantité de savon qu’elle con­
             matière colorante, et faisait connaître son   somme. Il ne faut pas perdre de vue que 1e
             procédé, qui est le suivant.              savon n’est qu’un des dérivés de la soude, de
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