Page 511 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES                               507


            pèreavec la plus grande facilité soit sur des  | tenir du carbonate de soude au moyen du
            plaques de fonte chauffées au rouge sombre,   sel marin seul.
            soit, mieux encore, sur la sole d’un four à
            réverbère ou de moufles de grandes dimen­   La chimie est venue, dans ces derniers
            sions qu’on chauffe extérieurement. Le sul­  temps, fournir les moyens de réaliser ce désir,
            fure dégage d’abord de la vapeur d’eau, puis   et c’est en Angleterre que ce problème a été
            il s'enflamme et ne présente bientôt qu’une  | résolu, pour la première fois, par M. Schlœ-
            masse incandescente dégageant une grande   sing, d’une part, par M. Turck, d’autre part.
            quantité d’acide sulfureux. Au bout de trois   Les méthodes de l’un et de l’autre de ces
            heures, la calcination est complète et, en   chimistes sont, d’ailleurs, fondées sur le
            sortant la matière du four, on trouve un   même principe : à savoir la transforma­
            oxyde de fer rouge-cramoisi en poudre très-   tion du sel marin en bicarbonate de soude,
            fine, qui sert à de nouvelles opérations.   bicarbonate que l’on transforme ensuite
            L’acide sulfureux est dirigé sous des cham­  aisément, par une faible chaleur, en car­
            bres de plomb, où il est transformé en acide   bonate neutre, c’est-à-dire en soude indus­
            sulfurique, qui sert à préparer le sulfate de   trielle.
            soude.                                      M. Turck a pris, le 26 mars 1854, une
              Ainsi les mêmes agents chimiques ser­   patente (brevet) en Angleterre, pour le pro­
            vent, dans l’usine, à renouveler l’opération.   cédé suivant.
            Là est l’avantage économique du procédé     On mélange le sel marin avec deux fois son
            de M. Kopp.                               poids d’eau, et l’on ajoute au mélange du bi­
                                                      carbonate d’ammoniaque solide, à peu près
              Cependant ce procédé n’a pas tenu ce    en quantité égale à celle du sel marin. 11 se
            qu’il promettait, et son usage ne s’est pas   fait une double décomposition, de laquelle
            sensiblement répandu dans les usines d’An­  résultent du chlorhydrate d’ammoniaque so­
            gleterre.                                 luble et du bicarbonate de soude, sel à peu
              C’est que le procédé de M. Kopp n’est,   près insoluble dans l’eau. On laisse égoutter
            au fond, que celui du P. Malherbe, dont   le mélange, et l’eau, en s’écoulant, emporte
            nous avons parlé dans la partie historique   la moitié du chlorhydrate d’ammoniaque
            de cette Notice, procédé mis en harmonie   qui imprégnait la masse. Pour enlever le
            avec les ressources actuelles de l’industrie   surplus du sel ammoniac qui reste mêlé au
            et les principes nouveaux de la science. 11   bicarbonate, on le soumet à des lavages à
            a, en effet, pour base l’emploi du sulfate de   l’eau faits avec précaution. On arrête l’affu­
            soude; or les tendances actuelles de l’indus­  sion de l’eau quand les liqueurs provenant
            trie soudière, c’est de supprimer la fabri­  du lavage ne marquent plus que 10° à l’a­
            cation du sulfate de soude, et d’agir direc­  réomètre. Alors le bicarbonate est pur; il
            tement sur le sel marin, pour le transfor­  ne reste plus qu’à le calciner dans un four.
            mer en carbonate de soude. La production   La chaleur chasse l’excès d’acide carboni­
            du sulfate de soude entraîne^ comme on    que, et laisse du carbonate de soude, mar­
            l’a vu, des appareils compliqués et coûteux,   quant 90° alcalimétriques.
            et s’accompagne de la production de masses   Le chlorhydrate' d’ammoniaque obtenu
            énormes d’un agent embarrassant et dan­   est ensuite régénéré, c’est-à-dire transformé
            gereux, le gaz acide chlorhydrique. Le desi­  en bicarbonate d’ammoniaque, qui servira
            deratum actuel, c’est donc de supprimer   à de nouvelles opérations. Pour cela, on le
            l intermédiaire du sulfate de soude, et d’ob-  traite par du carbonate de chaux, qui donne
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