Page 512 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 512
508 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
du chlorure de calcium et du carbonate Les grains cristallins de bicarbonate de
d'ammoniaque. soude qui se forment au fond du cylindre, en
sont retirés par le simple effet d’un courant
M. Schlœsing a pris, le 21 juin -1854, une liquide que l’on détermine dans cette partie
patente pour une opération mieux entendue inférieure du cylindre.
que la précédente, mais qui repose sur-les Quand on a recueilli ce bicarbonate de
mêmes principes. Le procédé deM. Schlœ soude, il est nécessairement imprégné de la
sing doit l’emporter sensiblement sur celui dissolution de chlorhydrate d’ammoniaque
que nous venons de décrire, car il est le et de sel marin dans laquelle il a pris nais
seul que les fabricants anglais aient ac sance. Pour l’en débarrasser sans aucun
cueilli avec faveur, et à l’heure qu’il est, lavage, on l’introduit dans un hydro-extrac
il prend rapidement possession des usines, teur à force centrifuge identique à ceux qui
si bien qu’il est à croire que l’ancienne servent pour la fabrication du sucre, et par
méthode, c’est-à-dire le procédé Leblanc, ce simple essorage on chasse toute la li
sera bientôt abandonné en Angleterre. queur saline (pii imprégnait le carbonate de
Le procédé de M. Schlœsing est fondé sur soude.
ce fait, que si l’on fait rendre tout à la fois Pour décomposer ensuite ce bicarbonate
dans une dissolution de sel marin, du gaz de soude et obtenir le carbonate de soude
acide carbonique et du gaz ammoniac, il se ordinaire, on l’expose à l’action de la cha
forme du bicarbonate d’ammoniaque, le leur, dans un cylindre chauffé par la flamme
quel, agissant sur le sel marin, produit du bi d’un foyer. L’acide carbonique provenant
carbonate de soude. Ce sel, étant insoluble de cette décomposition n’est pas perdu. On
dans l’eau, doit se précipiter, en vertu des le recueille dans un gazomètre, pour le
lois de Berthollet. On le recueille, on le lave faire servir à la première des opérations que
et on le calcine, pour le transformer en car nous avons décrites. Conservé dans ce gazo
bonate de soude ordinaire. mètre, il y est puisé au fur et à mesure des
Tel est le principe théorique de ce pro besoins.
cédé. Voici maintenant comment on le met Quant à la liqueur restée dans le cylindre
en pratique. et qui se compose de chlorhydrate d’ammo
Dans un vaste cylindre de fonte, conte niaque et de bicarbonate d’ammoniaque
nant une dissolution de 30 parties de sel mêlés à du sel marin, on les traite par de la
marin pour 100 parties d’eau, on fait arri cljaux, qui en dégage l’ammoniaque. Cette
ver, des deux extrémités opposées, un cou ammoniaque est recueillie et conservée pour
rant de gaz ammoniac et un courant de gaz des opérations ultérieures. Il ne reste donc
acide carbonique. Les deux gaz se rencon plus dans la liqueur que du sel marin, que
trent au milieu du liquide, et, grâce à l’excès l’on recueille par l’évaporation.
de gaz acide carbonique que l’on a soin Ainsi, avec une même quantité de gaz
d’entretenir, il se forme du bicarbonate ammoniac et de gaz acide carbonique, on
d’ammoniaque, puis, par l’action de ce sel peut transformer une quantité indéfinie de
sur le chlorure de sodium, du bicarbonate sel marin en bicarbonate de soude indus
de soude insoluble, qui se précipite en pe triel.
tits grains. Un agitateur à palettes dont le La théorie parle si éloquemment en fa
cylindre est pourvu, sert à mettre constam veur de ce procédé nouveau, qu’il est à
ment de nouvelles portions du liquide en croire qu’il remplacera un jour, dans toutes
présence des deux gaz. les usines, le procédé Leblanc.