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508                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                     du chlorure de calcium et du carbonate       Les grains cristallins de bicarbonate de
                     d'ammoniaque.                             soude qui se forment au fond du cylindre, en
                                                               sont retirés par le simple effet d’un courant
                       M. Schlœsing a pris, le 21 juin -1854, une   liquide que l’on détermine dans cette partie
                     patente pour une opération mieux entendue   inférieure du cylindre.
                     que la précédente, mais qui repose sur-les   Quand on a recueilli ce bicarbonate de
                     mêmes principes. Le procédé deM. Schlœ­   soude, il est nécessairement imprégné de la
                     sing doit l’emporter sensiblement sur celui   dissolution de chlorhydrate d’ammoniaque
                     que nous venons de décrire, car il est le   et de sel marin dans laquelle il a pris nais­
                     seul que les fabricants anglais aient ac­  sance. Pour l’en débarrasser sans aucun
                     cueilli avec faveur, et à l’heure qu’il est,   lavage, on l’introduit dans un hydro-extrac­
                     il prend rapidement possession des usines,   teur à force centrifuge identique à ceux qui
                     si bien qu’il est à croire que l’ancienne   servent pour la fabrication du sucre, et par
                     méthode, c’est-à-dire le procédé Leblanc,   ce simple essorage on chasse toute la li­
                     sera bientôt abandonné en Angleterre.     queur saline (pii imprégnait le carbonate de
                       Le procédé de M. Schlœsing est fondé sur   soude.
                     ce fait, que si l’on fait rendre tout à la fois   Pour décomposer ensuite ce bicarbonate
                     dans une dissolution de sel marin, du gaz   de soude et obtenir le carbonate de soude
                     acide carbonique et du gaz ammoniac, il se   ordinaire, on l’expose à l’action de la cha­
                     forme du bicarbonate d’ammoniaque, le­    leur, dans un cylindre chauffé par la flamme
                     quel, agissant sur le sel marin, produit du bi­  d’un foyer. L’acide carbonique provenant
                     carbonate de soude. Ce sel, étant insoluble   de cette décomposition n’est pas perdu. On
                     dans l’eau, doit se précipiter, en vertu des   le recueille dans un gazomètre, pour le
                     lois de Berthollet. On le recueille, on le lave   faire servir à la première des opérations que
                     et on le calcine, pour le transformer en car­  nous avons décrites. Conservé dans ce gazo­
                     bonate de soude ordinaire.                mètre, il y est puisé au fur et à mesure des
                       Tel est le principe théorique de ce pro­  besoins.
                     cédé. Voici maintenant comment on le met    Quant à la liqueur restée dans le cylindre
                     en pratique.                              et qui se compose de chlorhydrate d’ammo­
                       Dans un vaste cylindre de fonte, conte­  niaque et de bicarbonate d’ammoniaque
                     nant une dissolution de 30 parties de sel   mêlés à du sel marin, on les traite par de la
                     marin pour 100 parties d’eau, on fait arri­  cljaux, qui en dégage l’ammoniaque. Cette
                     ver, des deux extrémités opposées, un cou­  ammoniaque est recueillie et conservée pour
                     rant de gaz ammoniac et un courant de gaz   des opérations ultérieures. Il ne reste donc
                     acide carbonique. Les deux gaz se rencon­  plus dans la liqueur que du sel marin, que
                     trent au milieu du liquide, et, grâce à l’excès   l’on recueille par l’évaporation.
                     de gaz acide carbonique que l’on a soin     Ainsi, avec une même quantité de gaz
                     d’entretenir, il se forme du bicarbonate   ammoniac et de gaz acide carbonique, on
                     d’ammoniaque, puis, par l’action de ce sel   peut transformer une quantité indéfinie de
                     sur le chlorure de sodium, du bicarbonate   sel marin en bicarbonate de soude indus­
                     de soude insoluble, qui se précipite en pe­  triel.
                     tits grains. Un agitateur à palettes dont le   La théorie parle si éloquemment en fa­
                     cylindre est pourvu, sert à mettre constam­  veur de ce procédé nouveau, qu’il est à
                     ment de nouvelles portions du liquide en   croire qu’il remplacera un jour, dans toutes
                     présence des deux gaz.                    les usines, le procédé Leblanc.
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