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506                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                     bloc, qui doit toujours rester à nu et exposé  i fragments plus ou moins gros. Chaque fois
                     à l’action de l’oxygène, de l’humidité et de   qu’un nouveau bloc est amené, l’ouvrier a
                     l’acide carbonique. Dans ce cas, au bout   soin de faire tomber à travers la grille, la
                     d’un certain temps, tout le bloc s’est trans­  poudre délitée qui aurait pu s’accumuler
                     formé en matière pulvérulente délitée.    au sommet de quelques blocs, et là où il ne
                       Cette poudre, si elle est restée assez   reste plus que des fragments très-réduits de
                     longtemps à l’air pour se saturer complè­  plusieurs blocs, il les réunit pour faire une
                     tement d’acide carbonique, fournit, par la   place vide prête à recevoir un nouveau pa-
                     lixiviation, une dissolution de carbonate de   rallélipipède de soude brute ferrugineuse
                     soude et un résidu formé principalement de   récemment préparé.
                     sulfure de fer.                             Un bloc de 250 kilogrammes a besoin, au
                       L’expérience en grand ayant démontré    minimum, d’un mètre carré de place, pour
                     que la saturation par l’acide carbonique   sa délitation, qui exige huit à dix jours pour
                     de l’atmosphère ne se faisait que lentement,   être complète. Il s’ensuit qu’un bâtiment
                     M. Kopp a trouvé plus simple de saturer   long de 20 mètres et large de 10 mètres suf­
                     artificiellement la poudre délitée en l’ex­  firait pour 200 blocs, qui fourniraient plus
                     posant à l’action d’un courant d’acide car­  de 50,000 kilogrammes de poudre en dix
                     bonique. Cette opération est désignée sous   jours ou 5,000 kilogrammes en un jour.
                     le nom de carbonation.                      On procède alors à la lixiviation de la
                       Au-dessus d’un sol parfaitement dallé et   poudre, pour en retirer le carbonate de
                     entouré de murs, on place, à 2'",50 de hau­  soude. Cette lixiviation doit être faite mé­
                     teur, un plancher à claire-voie, formé de   thodiquement, soit par filtration, soit par dé­
                     grilles en fonte, dont les barreaux présen­  cantation, au moyen d’eau tiède de 30 à
                     tent un écartement de 1 cent, à 1 cent, et   40 degrés centigrades. Les solutions faibles
                     demi. A 2 mètres 1 /2 au-dessus du plancher   sont employées à lessiver de nouvelles quan­
                     à grille, on établit une toiture, en ayant   tités de poudre délitée et carbonatée.
                     soin de pratiquer dans les murs qui la sup­  Lorsque la température extérieure n’est
                     portent des jours très-nombreux, pour per­  pas trop élevée, les solutions fortes four­
                     mettre à l’air de s’y renouveler avec la plus   nissent généralement, sans concentration
                     grande facilité.                          préalable, après vingt-quatre à quarante-
                       Les blocs de soude brute ferrugineuse,   huit heures, une abondante et belle cris­
                     après complet refroidissement, sont amenés   tallisation de carbonate de soude, en gros
                     sur ce plancher à claire-voie et placés sur   cristaux hydratés parfaitement transparents
                     une des petites faces ; alors on fait arriver un   et incolores.
                     courant de gaz acide carbonique saturé d’eau.   Le résidu des lavages, formé principale­
                     A mesure que le bloc se délite, la portion   ment de sulfure de fer, est recueilli sur des
                     pulvérulente délitée tombe à travers la grille   filtres ou sur une surface poreuse, pour qu’il
                     et s’accumule sur le sol dallé, où elle se sa­  puisse s’égoutter le plus possible.
                     ture immédiatement d’acide carbonique.      Ce sulfure de fer est tellement combus­
                     L’absorption de ce gaz est extrêmement ra­  tible qu’il prend feu même au-dessous de
                     pide.                                      100°, et brûle comme de l’amadou, lorsqu’il
                       La portion non délitée du bloc restant   est bien sec. 11 se transforme alors en oxyde
                     ainsi constamment à nu et soumise à l’ac­  de fer, et cet oxyde de fer sert à recom­
                     tion de l’atmosphère, le bloc ne tarde pas   mencer de nouvelles opérations.
                     à se fendiller, et à se diviser en entier en   La calcination de ce sulfure de fer s’o-
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