Page 522 - Les merveilles de l'industrie T1
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518                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                    cette précipitation, on achève l’évaporation   rure de potassium et du sulfate de potasse.
                    du liquide, en le portant sur la sole d’un   Par des lessivages méthodiques, on peut
                    four. La chaleur continuant son action, le   purifier ce salin et le priver des sels de
                    résidu s’enflamme, les substances organiques  J soude qu’il renferme. On y parvient en dis­
                    sont détruites et il ne reste que des cendres.  solvant dans l’eau ce produit et le soumet­
                      L’incinération est considérée comme com­  tant à une série de cristallisations régu­
                    plète dès que la matière charbonneuse     lièrement conduites, qui ont pour effet d’é­
                    qu’elle produit, délayée dans l’eau et filtrée,   liminer le carbonate de soude. Mais cette
                    donne une solution incolore.              opération, qui n’est pas d’une exécution fa­
                      La figure 341 représente le four employé   cile, est rarement accomplie.
                    dans les distilleries du Nord, pour calciner  I La potasse provenant des mélasses de bet­
                    les résidus de l’évaporation des vinasses de   teraves, lorsqu’elle a été convenablement
                    betteraves et les transformer en carbonate   calcinée et épurée, est l’une des meilleures
                    de potasse. Ce four est surmonté d’un bas­  que l’on connaisse. Elle est d’une blancheur
                    sin en briques, N, dans lequel se termine l’é­  éclatante, et comme elle renferme un peu
                    vaporation des liqueurs déjà concentrées.   de carbonate de soude, on la préfère aux
                    En ouvrant un orifice fermé par un bou­   potasses ordinaires pour la fabrication des
                    chon, on découvre un canal ménagé dans    savons mous, parce qu’elle augmente leur
                    l’épaisseur du four, et on détermine la chute   consistance, en y introduisant un peu de
                    du liquide pâteux sur la sole, H, c’est-à-dire   savon sodique.
                    sur la surface chauffée du four. Un ouvrier   Veut-on savoir maintenant quelle est
                    armé d’un râteau de fer agite la masse    l’importance de cette industrie, qui ne re­
                    pendant sa calcination.                   monte, pour ses premiers essais, qu’à l’an­
                      Une ouverture à treillis, L, est ménagée   née 1840? En 1867, on a produit en France
                    au devant du four, pour activer le tirage et   11 millions de kilogrammes de salin ex­
                    déterminer un afflux d’air considérable, qui   trait des mélasses de betteraves. La ri­
                    brûle rapidement les substances organiques.   chesse moyenne de ces salins étant au titre
                    La fumée du foyer, mêlée aux gaz qui pro­  de 15 degrés alcalimétriques, on peut, en
                    viennent de la matière calcinée, s’échappe,   tenant compte d’un déchet de 10 pour 100,
                    au moyen de carneaux, dans le tuyau de    évaluer à 2,485 tonnes, la quantité de car­
                    la cheminée qui est situé derrière le four­  bonate de potasse fournie, pendant une
                    neau, en contre-bas du foyer, ce qui em­  seule année, à l’industrie par le traitement
                    pêche de la représenter sur notre dessin.  des mélasses.
                      Quand la matière est suffisamment des­
                    séchée dans la première partie (H) du four,   MM. Maumené et Rogelet exploitent à
                    on la pousse, au moyen d’un long râteau,   Reims, depuis quelques années, une autre
                    R, dans la partie plus fortement chauffée,   source de potasse. Ils extraient cet alcali du
                    G, du même four. Elle ne tarde pas à s’en­  suint de la laine des moutons, et le résidu
                    flammer et à se réduire en cendres. Le    de l’opération, traité convenablement plus
                    courant d’air qui la traverse active beau­  tard, donne des quantités assez considé­
                    coup son incinération.                    rables d’ammoniaque et de gaz d’éclairage.
                      La matière charbonneuse que l’on retire   Bien que cette exploitation ait été impor­
                    du four, constitue le salin de potasse, sub­  tée à Elbeuf, où les fabriques de draps peu­
                    stance noirâtre et impure, qui contient des   vent ainsi utiliser des eaux qui étaient au­
                    carbonates de potasse et de soude, du chlo­  paravant complètement perdues, elle n’a
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