Page 403 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 403

398                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                     ductian totale du Staffordshire, elle repré­  mouler après une dessiccation convenable. Une seule
                     sente une somme annuelle de 6 millions    presse peut mouler jusqu’à cinq cents boutons à la
                                                               fois, et l’ouvrier qui la dirige, peut frapper, en
                     environ.
                                                               moyenne, deux ou trois coups par minute. En tom­
                       Une seule manufacture hors de l’Angle­  bant de la presse, les boulons viennent se ranger
                     terre, celle de Sarreguemines, fabrique au­  d’eux-mêmes sur une feuille de papier maintenue
                                                               par un cadre en fer rectangulaire, d’où, par un tour
                     jourd’hui la même poterie.
                                                               de main très-simple et très-ingénieux, ils se trou­
                                                               vent placés sur la plaque de terre qui sert à leur
                       Comme appendice à la porcelaine tendre,   cuisson.
                     nous signalerons, en terminant cette Notice,   « Les fours qui servent à la cuisson des boutons
                                                               sont ronds ou rectangulaires; mais le principe de
                     une application importante qui a été faite,
                                                               leur construction est le même dans les deux cas. Le
                     de nos jours, de la pâte de la porcelaine   foyer est central comme dans les fours à cristal. Un
                     tendre à la fabrication des boutons.      certain nombre d’arches se partagent l’espace a
                                                               l’entour du foyer, et chacune d’elles reçoit six ou
                       Cette nouvelle industrie, qui consiste à
                                                               sept moufles superposés. La flamme s’élève du foyer
                     tirer parti, pour la confection des boutons   jusqu’à la voûte du four, pour redescendre dans
                     destinés aux vêtements ou aux meubles, de   chacune des arches, et en circulant tout à l’entour
                                                               des moufles jusqu’à des carneaux placés à la partie
                     la matière économique, plastique et dure
                                                               inférieure et qui vont se réunir dans une cheminée
                     que fournit la porcelaine tendre, prit nais­  centrale. Les fours ronds de M. Bapterosses ont
                     sance en Angleterre, vers 1830. Inventé par   soixante moufles. Les fours rectangulaires n’en ont
                     M. Prosser, ce procédé fut mis en pratique   que vingt-huit. Ils peuvent rester au feu plusieurs-
                                                               mois consécutifs sans avoir besoin de réparations.
                     pour la première fois dans la faïencerie de
                                                                 « Chacun des moufles peut recevoir une plaque
                     M. Minton, à Stoke-upon-Trent, et dans  ! en terre réfractaire de la même dimension que la
                     celles de MM. Walter et Camberlain, à     feuille de papier sur laquelle se sont rangés les bou­
                                                               tons au sortir de la presse. Quand la plaque est
                     Worcester. D’Angleterre il a été importé
                                                               rouge, l’ouvrier vient poser dessus la feuille de pa­
                     en France.                                pier recouverte de boutons. Le papier brûle et les
                       Nous trouvons, dans le Traité de chimie   boutons se trouvent rangés sur la plaque de terre
                                                               rouge dans la disposition symétrique qu’ils avaient
                     de MM. Pelouze et Fremy (1), les détails
                                                               au moment du moulage. Les plaques sont remises
                     suivants sur cette industrie, d’abord anglaise,   au four; elles y restent pendant dix minutes envi­
                     aujourd’hui nationale :                   ron, temps suffisant pour la cuisson. On retire la
                                                               plaque ; on enlève d’un coup de râble les boutons
                       « En France, la fabrication des boutons est prati­  qui la recouvrent, et comme elle a conservé pres­
                     quée actuellement, sur une très-grande échelle.   que toute sa chaleur, elle peut servir immédiate­
                     Dans la manufacture de Creil, on suit à peu près les   ment à une nouvelle opération.
                     méthodes anglaises ; à Briare, où M. Bapterosses a   «Un four de soixante moufles, qui peut cuire cinq
                     transporté son établissement de la rue de la Muette,   cents masses de boutons en vingt-quatre heures,
                     on travaille suivant le procédé dont il est l’inventeur.  brûle dans le même temps environ 6,000 kilogram­
                       « M. Bapterosses fabrique deux qualités de bou­  mes de houille. Un ouvrier est attaché à chaque
                     tons : les boutons dits agate et les boutons strass.  rangée de moufles et travaille pendant douze heu­
                       « La pâte à boutons agate est composée d’une petite   res consécutives. »
                     portion de phosphate de chaux et de feldspath lavé
                     aux acides pour le débarrasser de l’oxyde de fer. La   L’usine de M. Bapterosses, à Briare, fa­
                     pâte des boutons strass est composée de feldspath   brique chaque jour, cinq millions de boutons
                     pur; une petite quantité de lait mélangée à la pâte   de porcelaine !
                     lui donne le liant nécessaire pour qu’elle puisse se
                                                                 Voilà encore une de nos Merveilles de
                       (I) Tome II, pages 869-870.             l'Industrie.



                                FIN DE L’INDUSTRIE DES POTERIES, DES FAÏENCES ET DES PORCELAINES.
   398   399   400   401   402   403   404   405   406   407   408