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398 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
ductian totale du Staffordshire, elle repré mouler après une dessiccation convenable. Une seule
sente une somme annuelle de 6 millions presse peut mouler jusqu’à cinq cents boutons à la
fois, et l’ouvrier qui la dirige, peut frapper, en
environ.
moyenne, deux ou trois coups par minute. En tom
Une seule manufacture hors de l’Angle bant de la presse, les boulons viennent se ranger
terre, celle de Sarreguemines, fabrique au d’eux-mêmes sur une feuille de papier maintenue
par un cadre en fer rectangulaire, d’où, par un tour
jourd’hui la même poterie.
de main très-simple et très-ingénieux, ils se trou
vent placés sur la plaque de terre qui sert à leur
Comme appendice à la porcelaine tendre, cuisson.
nous signalerons, en terminant cette Notice, « Les fours qui servent à la cuisson des boutons
sont ronds ou rectangulaires; mais le principe de
une application importante qui a été faite,
leur construction est le même dans les deux cas. Le
de nos jours, de la pâte de la porcelaine foyer est central comme dans les fours à cristal. Un
tendre à la fabrication des boutons. certain nombre d’arches se partagent l’espace a
l’entour du foyer, et chacune d’elles reçoit six ou
Cette nouvelle industrie, qui consiste à
sept moufles superposés. La flamme s’élève du foyer
tirer parti, pour la confection des boutons jusqu’à la voûte du four, pour redescendre dans
destinés aux vêtements ou aux meubles, de chacune des arches, et en circulant tout à l’entour
des moufles jusqu’à des carneaux placés à la partie
la matière économique, plastique et dure
inférieure et qui vont se réunir dans une cheminée
que fournit la porcelaine tendre, prit nais centrale. Les fours ronds de M. Bapterosses ont
sance en Angleterre, vers 1830. Inventé par soixante moufles. Les fours rectangulaires n’en ont
M. Prosser, ce procédé fut mis en pratique que vingt-huit. Ils peuvent rester au feu plusieurs-
mois consécutifs sans avoir besoin de réparations.
pour la première fois dans la faïencerie de
« Chacun des moufles peut recevoir une plaque
M. Minton, à Stoke-upon-Trent, et dans ! en terre réfractaire de la même dimension que la
celles de MM. Walter et Camberlain, à feuille de papier sur laquelle se sont rangés les bou
tons au sortir de la presse. Quand la plaque est
Worcester. D’Angleterre il a été importé
rouge, l’ouvrier vient poser dessus la feuille de pa
en France. pier recouverte de boutons. Le papier brûle et les
Nous trouvons, dans le Traité de chimie boutons se trouvent rangés sur la plaque de terre
rouge dans la disposition symétrique qu’ils avaient
de MM. Pelouze et Fremy (1), les détails
au moment du moulage. Les plaques sont remises
suivants sur cette industrie, d’abord anglaise, au four; elles y restent pendant dix minutes envi
aujourd’hui nationale : ron, temps suffisant pour la cuisson. On retire la
plaque ; on enlève d’un coup de râble les boutons
« En France, la fabrication des boutons est prati qui la recouvrent, et comme elle a conservé pres
quée actuellement, sur une très-grande échelle. que toute sa chaleur, elle peut servir immédiate
Dans la manufacture de Creil, on suit à peu près les ment à une nouvelle opération.
méthodes anglaises ; à Briare, où M. Bapterosses a «Un four de soixante moufles, qui peut cuire cinq
transporté son établissement de la rue de la Muette, cents masses de boutons en vingt-quatre heures,
on travaille suivant le procédé dont il est l’inventeur. brûle dans le même temps environ 6,000 kilogram
« M. Bapterosses fabrique deux qualités de bou mes de houille. Un ouvrier est attaché à chaque
tons : les boutons dits agate et les boutons strass. rangée de moufles et travaille pendant douze heu
« La pâte à boutons agate est composée d’une petite res consécutives. »
portion de phosphate de chaux et de feldspath lavé
aux acides pour le débarrasser de l’oxyde de fer. La L’usine de M. Bapterosses, à Briare, fa
pâte des boutons strass est composée de feldspath brique chaque jour, cinq millions de boutons
pur; une petite quantité de lait mélangée à la pâte de porcelaine !
lui donne le liant nécessaire pour qu’elle puisse se
Voilà encore une de nos Merveilles de
(I) Tome II, pages 869-870. l'Industrie.
FIN DE L’INDUSTRIE DES POTERIES, DES FAÏENCES ET DES PORCELAINES.