Page 398 - Les merveilles de l'industrie T1

POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 393

penhague, à Vienne, à Meissen (Saxe), il plus que celles de Limoges, aux grandes
existe également des manufactures entre­ manufactures de poteries de l’Angleterre, à
tenues par l’État, qui ont pour but la con­ ces districts des poteries du Staffordshire,
servation des bonnes traditions de l’art et la dont nous avons parlé à propos de la faïence.
recherche des perfectionnements pratiques. Ces manufactures sont organisées très-large­
L’industrie privée qui s’applique à la fa­ ment. Elles travaillent, en général, avec les
brication spéciale de la porcelaine n’est pas argiles pures du Cher et de l’Allier, qu’elles
d’une grande importance en France. Cela mélangent avec des kaolins de diverses pro­
provient des grandes difficultés de cette fa­ venances.
brication , qui empêchent d’abaisser suffi­ Paris étant le centre du commerce de la
samment le prix de la porcelaine pour la porcelaine, on y a établi des manufactures,
faire entrer dans l’usage général. La pro­ qui travaillent avec le kaolin et le feld­
duction totale de la porcelaine en France ne spath expédiés de Saint-Yrieix. Mais les frais
dépasse pas annuellement le chiffre de qu’occasionne le transport de ces matières,
20 millions de francs. et l’élévation du prix de la main-d’œuvre,
Les principaux centres de production de ne permettent pas aux fabriques parisiennes,
la porcelaine, en France, sont Limoges, de prendre beaucoup d’importance.
ou pour mieux dire le département de la Ce qui distingue et caractérise les por­
Haute-Vienne, le Berry et les environs de celaines de Paris, c’est le goût et la pureté
Paris. du dessin. C’est au point de vue de l’art
Pendant longtemps, comme nous l’avons qu’elles se soutiennent et priment les autres
dit, on ne connut en France d’autres gise­ usines de France. La décoration est à Paris
ments de kaolin que ceux de Saint-Yrieix dans son élément. Elle se fait dans un très-
près de Limoges. Les fabriques de porcelaine grand nombre d’ateliers, où règne un sen­
se groupèrent donc, au siècle dernier, dans timent artistique très-développé.
le Limousin, où se trouvaient en abon­ Une petite industrie essentiellement pari­
dance, à côté de la .matière première, les bois sienne, a pris de nos jours beaucoup de
nécessaires pour les fours. C’est ainsi que Li­ développements : c’est la fabrication des
moges est resté longtemps le centre principal fleurs en porcelaine. On fait, de la même
de la fabrication de la porcelaine en France. manière, des bouquets.
Mais peu à peu, le pays s’est déboisé, et Après ces grands centres de fabrication
on a été conduit à transporter le kaolin, de la porcelaine française, il faut citer des
dans d’autres contrées plus riches en com­ manufactures en Normandie (à Bayeux),
bustibles, telles que le Berry. dans la Gironde (à Saint-Gaudens et à
Le caractère distinctifdes produits limou­ Bordeaux) ; en Bretagne ; dans le Cher (à
sins, aussi bien dans les articles de goût que Mehun, à Vierzon), et à Villedieu dans la
dans les pièces destinées aux usages de la Vienne; dans le département du Nord (à
table et de la toilette, c’est la blancheur des Saint-Amand-les-Eaux). 11 existe, dans les
matières, ce que l’on comprend quand on Pyrénées des gisements de kaolin, qui four­
sait que les beaux kaolins des carrières de nissent la matière première aux usines du
Saint-Yrieix, sont seuls employés dans les Midi.
fabriques du Limousin.
Un autre caractère de ces mêmes pro­ A l’étranger, il faut citer particulière­
duits, c’est la beauté et le goût. ment la manufacture de Doccia, près de
Les usines du Berry ressemblent, beaucoup | Florence, pour la perfection et l’importance
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