Page 82 - Album_des_jeunes_1960
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Voici de quoi vous étonner !
Ces animaux sont-ils
vraiment sauvages ?
par Alan Devoe
N de mes amis qui a
U parlé d’un monastère situé
vécu aux Indes m’a
dans une forêt sur les
contreforts de l’Himalaya.
Cette région est infestée de
tigres, mais les moines n’en
ont pas peur. Ils pensent
que l’amour doit être plus
fort que la peur.
Mon ami a vu le Père
Abbé sortir au crépuscule
et parler le « langage tigre », de sa vieille voix pleine Puis, un beau matin, assis sur une souche, j’observais
de bonté, jusqu’à ce qu’un grand tigre rayé sorte de un terrier où vivait une famille de mulots, quand sou
la jungle à pas feutrés. Bientôt, la bête s’est mise à ron dain, venant de je ne sais où, une forme ailée a voleté
ronner comme un petit chat sous la main caressante de jusqu’à moi. Notre colombe est venue se poser sur mon
l’Abbé. On a de la peine à le croire. Et pourtant... bras. Elle n’y est restée que quelques instants, pleine de
confiance, puis elle s’est envolée et je ne l’ai plus
La colombe reconnaissante jamais revue.
Par un chaud après-midi d’été, j’ai trouvé dans la Le renard joueur
poussière, au bord de la petite route, une colombe
blessée qui haletait. Elle a battu des ailes avec épou Evidemment, la colombe n’est pas un animal sau
vante quand je me suis baissé pour la ramasser. Je l’ai vage. Mais que dire du renard que j’ai dérangé, cer
emportée chez nous et mise dans une cage, avec de tain matin d’hiver glacial, au milieu des sapins où il
l’eau fraîche, des graines et des petits fruits. avait dormi ? Il a bondi à une dizaine de mètres devant
En huit jours, la nature l’avait guérie. Notre colombe moi, dans un nuage de neige tourbillonnante. Nous
avait à nouveau un plumage doux et lisse, des yeux nous sommes regardés sans bouger. Pourquoi ne s’est-il
vifs et brillants. Nous avons emporté la cage, ma pas enfui ? Les renards ont tout le monde contre eux,
femme et moi, au sommet de la colline boisée derrière tous les chasseurs du pays et leurs chiens.
notre maison. Là, j’ai ouvert la porte et l’oiseau s’est Je lui ai lancé un bâton qui est tombé entre nous
élancé dehors. Les ailes frémissantes, notre colombe deux. Mon renard s’est alors mis à courir... dans ma
s’est élevée dans les airs pour reprendre à tout jamais direction, à grands bonds. Il s’est jeté sur le bâton et,
sa liberté de bête sauvage. C’est du moins ce que nous comme un chien heureux, s’est mis à danser dans les
avons cru pendant une semaine. bois, son trésor bien serré entre les mâchoires. On
aurait dit que tout au fond de lui-même, malgré sa
peur et sa sauvagerie, il aurait aimé être un bon toutou.
Beaucoup de gens racontent des histoires analogues
à celles-ci. Elles prouvent toutes qu’il peut exister un
lien d’affection entre les animaux « sauvages » et
l’homme.
Loups gris apprivoisés
Le sympathique naturaliste Baynes était persuadé
que n’importe quel animal peut apprendre à aimer