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QUAND LE SAHARA n’ÉTAIT PAS UN DESERT                                  21


         l’éléphant. Dans certaines de ces tribus de « têtes   de grands troupeaux de bêtes à cornes, dont les
         rondes », il y eut des artistes — peut-être des    diverses races sont aujourd’hui communes en
         prêtres — qui peignirent en blanc sur les parois   Afrique.
         des cavernes de gigantesques personnages à demi      Le chapitre suivant de ce livre mystérieux
         humains, vraies visions de cauchemar. L’un d’eux,   qu’est le Sahara nous est raconté par des peintures
         qui représente sans doute un dieu, a près de six   représentant des chars de guerre traînés par des
         mètres de haut : il a une tête de tortue avec des   chevaux lancés au grand galop. Mais quels étaient
         yeux mal placés qui font songer à certains tableaux   ces guerriers, avec leurs boucliers ronds, leurs
         de Picasso. Dans d’autres galeries on voit des     lances et leurs tuniques en forme de cloche ? Il
         silhouettes fantomatiques, longues comme des       est possible qu’ils aient appartenu au belliqueux
         asperges, aux contours vaguement humains.          « Peuple de la mer » qui, partant de l’île de
           A mesure que passent les siècles, ces peintures   Crète, aurait tenté d’envahir l’Egypte. Repoussés,
         deviennent plus réalistes. Les jambes commencent   çes guerriers se seraient établis en Libye, puis, par
         à s’orner de musculature. Sur les corps, on voit   la suite, auraient conduit leurs chars jusqu’au
        apparaître des bracelets, des ceintures et même des   Tassili.
         cicatrices rituelles que l’on retrouve encore        Lorsque les fleuves du Sahara s’asséchèrent, la
         aujourd’hui chez quelques peuplades du Haut-Nil.   population diminua, et les peintures devinrent
           Certaines fresques, parmi les plus intéressantes,   moins nombreuses. Puis, quand les dernières
        évoquent la vie familiale ou villageoise au Sahara,   herbes furent roussies sur la terre brûlante, le
        il y a de cela six à huit mille ans. Ici, c’est une   chameau remplaça le cheval sur les murs du
         scène de mariage, un banquet, un groupe de         Tassili. L’apparition du chameau est relativement
        paysans qui observent un sourcier à la recherche    récente dans l’Ouest saharien. Elle se situe à
        de l’eau. Plus loin, on pile du grain, des femmes   l’aube des temps historiques, à l’âge des premiers
        posent un toit sur une hutte, deux petits enfants   chroniqueurs grecs et romains.
         dorment ensemble dans un lit, sous la même           Les fresques du Tassili posent bien des
        couverture à pois. Et le tableau de ces gens qui se   énigmes. On peut se demander, par exemple, s’il
         lèvent en hâte parce que leur chien aboie nous     n’existait pas un lien entre les peintres du Tassili
        montre qu’à cette époque l’homme a déjà trouvé      et ceux qui ont décoré les grottes préhistoriques
        son plus fidèle compagnon.                          de France et d’Espagne. Et comment expliquer, à
           Plus tard, quatre à cinq mille ans avant Jésus-   1 500 kilomètres de la mer, la présence, sur ces
        Christ, les « têtes rondes » furent remplacées ou   dessins, de bateaux de type égyptien ? Selon
         peut-être conquises par un peuple à la peau        Lhote, cela semblerait prouver que ces tribus de
        blanche ou cuivrée. Parfois avec le boomerang, le   pasteurs étaient originaires du Haut Nil.
        plus souvent avec l’arc et les flèches, ces nouveaux   Le plus grand désir d’Henri Lhote est que,
        venus chassaient l’antilope, le mouflon et la girafe.   bientôt, la plupart des musées étrangers puissent
        Ils étaient accompagnés de chiens à poil lisse, à la   exposer les peintures que lui-même et son équipe
        queue peu fournie et retroussée, semblables aux    ont copiées. Ces merveilles de l’art préhistorique
        chiens qui, de nos jours, gardent les campements   méritent d’être vues et admirées dans le monde
        de Touareg. Ces hommes poussaient devant eux       entier.









                                               Vu de la lune

                ^-a Grande Muraille fut construite, au 111e siècle avant Jésus-Christ, par l’Empereur de Chine,
                pour protéger le pays contre les Huns. C’est la construction la plus prodigieuse que l’on
                connaisse, et probablement la seule création humaine qui serait visible de la lune à l’œil nu.
                Avec toutes les pierres de cette muraille, on pourrait construire à l’Equateur un mur qui ferait le
                tour de la terre et qui aurait près de 3 mètres de haut et 1 mètre de large.
                                                                                           b. c.
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