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LE MILLE EN QUATRE MINUTES                                     119

        corde invisible, que je tends un peu plus à chaque   je ne le rattrape pas maintenant, me dis-je, c’est
        foulée, réduisant progressivement l’écart qui nous   lui, qui gagne. »
        sépare.                                               Juste avant la fin du dernier virage, je m’élance
           A la fin du troisième tour, je me trouve de nou­  en avant pour le dépasser. En même temps, je le
        veau dans sa foulée, laissant les autres à          vois jeter un coup d’œil par-dessus son épaule
         20 mètres en arrière. Je suis si concentré sur     gauche. Il est surpris de me voir prendre mon
        cette lutte d’homme à homme que je n’entends        élan en un point du parcours où je dois couvrir
        même pas annoncer les temps. La vraie bataille      une distance supplémentaire pour le dépasser.
         va commencer.                                      Son coup d’œil en arrière et sa réaction devant
                                                            mon audace lui font perdre une précieuse fraction
                                                            de seconde. Quelle chance miraculeuse qu’il ait
                  Le “ coup de collier ”
                                                            tourné la tête au moment même où je donnais le
           e troisième tour m’a fatigué. D’habitude, c’est   « coup de collier » !
         L  à ce moment que le coureur se dispose à           En deux foulées, je l’ai dépassé. Il ne reste
           ralentir un peu afin de rassembler ses forces pour   plus que 70 mètres à parcourir, mais je suis inca­
        le coup de collier final ; mais j’ai durement lutté   pable d’aller plus vite, au contraire : je perds de
        pour regagner ces quelques mètres. A présent, je    la vitesse. Malgré cela, je réussis à atteindre le
         suis Landy comme son ombre.                        ruban avec 5 mètres d’avance. J’ai bouclé le mille
           Il doit se rendre compte que je le talonne, car   en 3’ 58” 8/10. De nouveau, le record est battu,
         il allonge sa foulée dès l’entrée de l’avant-dernière   et cette fois par Landy et moi dans la même
        ligne droite. Je n’en crois pas mes yeux quand je le   course.
         vois prendre l’allure du sprint à 300 mètres du      Pendant ce dernier tour, j’ai vécu les minutes
         ruban, à la fin d’une course aussi rapide ! S’il ne   les plus passionnantes de ma vie. John Landy m’a
         ralentit pas bientôt, je suis perdu.               montré ce que peut être une course vraiment par­
           Nous abordons maintenant le dernier virage.      faite.
         J’espère qu’il commence à se fatiguer ; quant à      J’ai compris que nos records seront, eux aussi,
         moi, j’essaie, à chaque foulée, d’économiser mes   battus un jour, comme l’a été celui du « mille
         forces. En effet, j’ai décidé de me lancer à la fin   en quatre minutes ». Tant que les hommes se
         de la boucle, sachant que c’est l’endroit où mon   passionneront pour la course, on continuera d’éta­
         adversaire s’attend le moins à une offensive. « Si   blir de nouveaux records.


                                     Quelques records chez les animaux


                                                Pour couvrir un mille en 4 minutes, un homme doit courir
                                              à une vitesse de 15 milles à l’heure (24 km/h environ). Au
                                              sprint, sur une courte distance, il atteint presque 40 km/h.
                                              Pourtant, ces vitesses paraissent faibles quand on les compare
                                              à celles de certains animaux.


                                          Le galop d’un cheval peut atteindre
                                          70 à 80 km/h environ, alors que
                                          l’antilope-chèvre peut dépasser 95 km/h.




                                        On a chronométré la vitesse des
                                      antilopes indiennes : 104,50 km/h.



                                 Le champion de la vitesse est le guépard, sorte de
                               léopard d’Asie et d’Afrique. Ce chasseur maigre, à la four­
                               rure soyeuse, court à l’allure extraordinaire de 110 km/h.
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