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Le  samedi  8 janvier  1944,  la  13e  compagnie,  un  détache-
           ment  de  la  8°  (Saint-Pierre-de-Rumilly)  et  le  camp  « Liberté
           Chérie »  arrivent  à  Bonneville.  A  20  h.,  ils  pénètrent  dans
           l'hôtel  où  sont  en  train  de  dîner  9  inspecteurs  de  police  à
           la  disposition  du  sous-préfet  Humbert.  Tous  ces  flics  sont
           en  canadiennes et mangent  le  revolver  au  côté.  Un  inspecteur
           réussit  à s'échapper, mais  les  8 autres sont emmenés au  camp
           « Liberté Chérie » au lieu  dit  les  Lisnières.  Le  rapt est effectué
           brillamment  malgré  la  présence  à  l'Ecole  Normale  de  Bon-
           neville  d'un  escadron  de  gardes-mobiles.
               Les  archives  et de  nombreux  papiers  relatant  l'activité  de
           brigades spéciales  dans la  région  sont également saisis.  Nous
           établissons  de  cette  façon  que  tous  les  inspecteurs  ont  juré
           fidélité  à  la  police  allemande.  Ils  sont  condamnés  à  mort  et
           fusillés  trois semaines  plus  tard.  De  même,  l'examen  des  piè-
           ces prouve que le sieur Merlin,  maire du  Petit-Bornand, donne
           aux  Vichyssois  tous  renseignements  concernant  le  « Liberté
           Chérie ».  Diviseur  criminel,  il  ose  même  assurer aux policiers
           l'aide  de  l' A.S.  pour  une  opération  de  nettoyage  contre  notre
           camp.  Enfin,  il  converse  par  téléphone  avec  les  inspecteurs
           à  l'aide  d'un  code.  Condamné  à  mort,  il  sera  exécuté.
              Le  mardi  11  janvier,  une  nouvelle  action  du  même  genre
           est  effectuée  à  La  Roche.  Un  escadron  de  G.M.  est  cantonné
           à  l'hôtel  du  Chablais,  mais  nous  sommes  assurés  de  l'accord
           tacite  de  son  commandant.  Deux  détachements  de  la  8°  com-
           pagnie  (Ornex  et  Arenthon)  et  le  camp  « Lelièvre »  pénè-
           trent  en  ville  à  13  h.  en  plein  marché.  Le  travail  est  difficile,
           car  les  inspecteurs  ne  sont  pas  tous  réunis  à  leur  hôtel,  com-
           me  nous  le  pensions;  il  faut  donc  les  chercher  un  à  un  dans
           les  divers  débits  de  boisson.  Seul  l'inspecteur  Paget-Blanc,
           ex-chef  de  la  gendarmerie  de  La  Roche,  parvient  à  s'échap-
           per.  Une  rafale  de  mitraillette  le  manque.  Les  autres,  au
           nombre  de  11,  sont emmenés  au  Plan  par Lelièvre.  Leur  cul-
           pabilité  est  établie  de  la  même  façon  qu'à  Bonneville.  lis
           sont donc  condamnés  à  mort,  sauf  deux  inspecteurs  des  ren-
           seignements  généraux  d'Annemasse,  qui  ont  eu  auparavant
           à  Chamonix  une  attitude  correcte  envers  la  Résistance.  Dès

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