Page 85 - RI3_Francs_tireurs
P. 85
la population toute entière est à l'avant-garde de la Résis-
tance. Leurs rafles sont presque touiours infructueuses et
aucun incident grave ne se produit avant le 23 janvier, date à
laquelle les Allemands incendient le village de Pouilly. A
9 h. du matin, une voiture allemande arrive au-dessus de
St-Jeoire, au lieu dit Parreuse, sur la route de Pouilly. Les
hoches forment un barrage. Une voiture de l'A.S. s'approche
et, apercevant l'ennemi, fonce à toute allure. Au passage, un
maquisard tire sur un Allemand et le tue. Mais les nazis ri-
postent et la voiture va dans le fossé. Un résistant, Alphonse
Pasquier, grièvement blessé, s'enfuit dans les bois où il meurt
peu après. Un autre peut s'échapper avec une balle dans le
genou. R. Desbiolles, également blessé, se réfugie dans Pouil-
ly, chez notre camarade Carrier, chef du détachement F.T.P.
Les boches demandent du renfort à Annemasse. Une courte
bagarre s'ensuit, Carrier est tué malgré une courageuse dé-
fense et les hitlériens incendient le village. Onze civils sont
tués. Il faut parlementer longuement pour éviter que Saint-
Jeoire connaisse le même sort.
La sauvagerie allemande s'est ici manifestée dans toute
son horreur. Mais il faut dire que les maquisards ne sont
pas sans responsabilité, s'étànt promenés spectaculairement
en voiture à essence dans la vallée de Saint-Jeoire. Si
tous nos amis s'étaient inspirés des règles de sécurité de
notre Mouvement F.T.P., bien d'autres incidents douloureux
ne se seraient pas produits.
Cependant, l'état de siège est décrété en Haute-Savoie.
Le Plateau des Glières est attaqué. De nombreux rescapés
.. se réfugient à l'usine du Giffre où ils trouvent de l'embauche .
Quatre de nos gars de Foges y travaillent déjà en compagnie
de notre ami Henri Plantaz, membre très actif de I' A.S.,
maquisard indomptable et très recherché par les Allemands.
L'e 1 •r avril, à 9 h. du matin, des camions boches venus d' An-
nemasse par Marignier cernent l'usine. Tout le personnel est
rassemblé. Un membre de la Gestapo s'approche: « Qui de
vous est Plantaz ? Qu'il sorte des rangs ! » ...
Personne ne bouge. Et c'est alors qu'un nommé Portet,
75