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la  population  toute  entière  est  à  l'avant-garde  de  la  Résis-
          tance.  Leurs  rafles  sont  presque  touiours  infructueuses  et
          aucun  incident  grave ne  se  produit avant le  23  janvier,  date à
          laquelle  les  Allemands  incendient  le  village  de  Pouilly.  A
          9  h.  du  matin,  une  voiture  allemande  arrive  au-dessus  de
          St-Jeoire,  au  lieu  dit  Parreuse,  sur  la  route  de  Pouilly.  Les
          hoches  forment  un  barrage.  Une  voiture  de  l'A.S.  s'approche
          et,  apercevant  l'ennemi,  fonce  à  toute  allure.  Au  passage,  un
          maquisard  tire  sur  un  Allemand  et  le  tue.  Mais  les  nazis  ri-
          postent et  la voiture  va  dans  le  fossé.  Un  résistant,  Alphonse
          Pasquier,  grièvement blessé,  s'enfuit dans  les bois  où  il  meurt
          peu  après.  Un  autre  peut  s'échapper  avec  une  balle  dans  le
          genou.  R.  Desbiolles,  également blessé,  se  réfugie  dans Pouil-
          ly,  chez  notre  camarade  Carrier,  chef  du  détachement  F.T.P.
          Les  boches  demandent  du  renfort  à  Annemasse.  Une  courte
          bagarre  s'ensuit,  Carrier  est  tué  malgré  une  courageuse  dé-
          fense  et  les  hitlériens  incendient  le  village.  Onze  civils  sont
          tués.  Il  faut  parlementer  longuement  pour  éviter  que  Saint-
          Jeoire  connaisse  le  même  sort.
              La  sauvagerie  allemande  s'est  ici  manifestée  dans  toute
          son  horreur.  Mais  il  faut  dire  que  les  maquisards  ne  sont
           pas  sans  responsabilité,  s'étànt  promenés  spectaculairement
          en  voiture  à  essence  dans  la  vallée  de  Saint-Jeoire.  Si
           tous  nos  amis  s'étaient  inspirés  des  règles  de  sécurité  de
           notre  Mouvement  F.T.P.,  bien  d'autres  incidents  douloureux
           ne  se  seraient  pas  produits.
              Cependant,  l'état  de  siège  est  décrété  en  Haute-Savoie.
           Le  Plateau  des  Glières  est  attaqué.  De  nombreux  rescapés
 ..        se réfugient à  l'usine  du  Giffre  où  ils  trouvent  de  l'embauche .
           Quatre de  nos  gars  de  Foges y  travaillent déjà  en  compagnie
           de  notre  ami  Henri  Plantaz,  membre  très  actif  de  I' A.S.,
           maquisard  indomptable  et  très  recherché  par  les  Allemands.
           L'e  1 •r  avril,  à  9  h.  du  matin,  des  camions  boches  venus  d' An-
           nemasse  par  Marignier  cernent  l'usine.  Tout  le  personnel  est
           rassemblé.  Un  membre  de  la  Gestapo  s'approche:  « Qui  de
           vous  est  Plantaz ?  Qu'il  sorte  des  rangs ! » ...
              Personne  ne  bouge.  Et  c'est  alors  qu'un  nommé  Portet,

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