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656                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

              M. Toufflin. La roche concassée étant jetée   similer par la fusion, à la roche asphal­
              par le coffre A (fig. 280) tombe entre la roue   tique. Mais le problème de l’extraction éco­
              de fonte B (fig. 281) mue par l’arbre DD et   nomique du bitume de l’asphalte même, n’a
              l’auge dans laquelle tourne cette roue, et la   pas encore été résolu.
              poudre s’échappe par le canal, C.            La plus grande partie du bitume qui sert
                La poudre d’asphalte sortant du moulin   à la préparation du mastic d'asphalte s’ex­
              n’est pas assez fine pour servir à la prépara­  trait des grès des molasses de Seyssel.
              tion du mastic: il faut la tamiser, Celle qui a   Le procédé qui sert à extraire le bitume
              été produite par le broyeur Carr n’a pas   de ces grès est loin d’être nouveau et de ré­
              besoin de tamisage, à moins qu’il n’y ait eu, à   pondre à tous les desiderata de l’industrie. On
              un certain moment, ralentissement de la vi­  trouve la description sommaire de ce pro­
              tesse de l’appareil.                       cédé à l’article Asphalte de l’Encyclopédie
                Pour tamiser la poudre asphaltique, on   de Diderot et d’Alembert. L’auteur de cet
              l’introduit dans un blutoir, c’est-à-dire dans   article, à propos de la mine d’asphalte dite
              un cylindre horizontal tournant autour de   de la Saisonnière, sise dans le ban de Lam-
              son axe. Le bâti de cette espèce de cage est   persloch, baillage de Warth, en basse Al­
              formé d’une série d’anneaux reliés entre eux   sace, entre Haguenau et Wissembourg, s’ex­
              par des barres de fer. Il est recouvert d’un   prime en ces termes :
              treillage métallique ou d’une tôle percée de
                                                          « Pour tirer de cette mine une sorte d’oing noir
              trous.
                                                        dont on se sert pour graisser les rouages, il n’y a
                Nous disions que le blutoir pour le tami­  d’autre manœuvre que de faire bouillir le sable de
              sage de l’asphalte est cylindrique. Il est plus   lamine pendant une heure dans l’eau ; cette graisse
                                                        monte et le sable reste blanc, au fond de la chau­
              exact de dire qu’il a la forme d’un tronc de
                                                        dière. On met cette graisse sans eau dans une grande
             cône. Mais la différence entre les diamètres   chaudière de cuivre pour s’y affiner et évaporer l’eau
             des deux disques qui composent les deux    qui peut être restée pendant la première opéra­
              bouts du cône tronqué, est peu considérable.   tion. »
             Le blutoir est légèrement évasé du côté de la   On n’a pas encore aujourd’hui trouvé
             sortie des matériaux. Celte disposition a pour   mieux que ce procédé, qui est pourtant
             effet d’accumuler de ce côté les grabons,   long et dispendieux.
             c’est-à-dire les fragments trop gros qui doi­  Voici comment on opère à Seyssel, d’a­
             vent être réunis pour subir une nouvelle pul­  près l’ouvrage de M. Léon Malo, Fabrication
             vérisation.                                de l'asphalte et des bitumes, qui nous sert
                                                        de guide dans ce travail.
               Après avoir décrit la manière de préparer   On jette le grès grossièrement concassé
             la poudre qui sert, avec le bitume, à la fabri­  dans de vastes chaudières remplies d’eau
             cation du mastic d'asphalte, il nous reste à   bouillante. On brasse le mélange pendant
             dire quels sont les procédés en usage pour   une heure environ. Le grès se désagrégé, par
             extraire le bitume des roches qui le ren­  l’effet mécanique de l’agitation; le sable
             ferment.                                   tombe au fond de la chaudière et l’écume
               Le bitume à l’état libre ne se trouve pas,   bitumineuse surnage. On enlève alors la
             en France, en quantité assez grande pour   nappe superficielle.
             suffire à cette industrie. Si l’on parvenait à   Malheureusement, le bitume ainsi pré­
             extraire économiquement de l’asphalte lui-   paré n’est pas tout à fait pur ; il retient tou­
             même le bitume qu’il contient, on aurait là   jours, comme un réseau, une partie du sable
             certainement la matière la plus apte à s’as­  que l’ébullition a réparti dans toute la masse
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