Page 556 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

LE PHOSPHORE. 557

que la spirale, qui, par l’action des émana­ ce sel, de former des poudres détonantes par
tions gazeuses seules, rougirait à peine, at­ le choc, lorsqu’il est mêlé à un corps très-
teindra le rouge-blanc quand l’effet cataly­ combustible, que Berthollet songea à le
tique sé joindra à leur effet. On pourra dès faire entrer dans la poudre à canon. Nous
lors enflammer un corps solide imprégné de avons raconté dans les Merveilles de la
ces vapeurs. science (les Poudres de guerre') (4) que Ber­
Le briquet électrique de MM. Voisin et thollet essaya de fabriquer de la poudre à
Dronier se réduit à une pile voltaïque au canon avec le chlorate de potasse, mais qu’il
chromate de potasse de faible dimension, ne put parvenir à un bon résultat, et que
dans laquelle on fait plonger un corps con­ l’explosion de la fabrique mit fin à ses re­
ducteur, en pressant un bouton de cuivre. cherches.
Dès que le conducteur, par suite de ce mou­ Mais si le chlorate de potasse ne put ren­
vement, est immergé dans le liquide de la dre de services pour la fabrication de la
pile, le courant s’établit, le fil de platine poudre à canon, il prit sa revanche en dé­
rougit, et comme ce fil est placé au milieu terminant l’invention du bt'iquet oxygéné.
de la mèche d’une lampe à essence de pétrole, Le briquet oxygéné se composait d’un pe­
la mèche s’allume. Pour avoir du feu, il suf­ tit flacon renfermant de l’amiante imprégnée
fit donc de poser le doigt sur le bouton mé­ d’acide sulfurique concentré, et d’une allu­
tallique. mette que l’on plongeait dans ce flacon. L’al­
Le briquet électrique est donc le briquet lumette était recouverte, à son extrémité,
hydro-pneumatique de Gay-Lussac sans le d’une couche de soufre, et par-dessus, d’une
gaz hydrogène. couche de chlorate de potasse, additionnée
d’une substance combustible, comme le lyco-
pode, la gomme, etc. La pâte était colorée
avec du cinabre (sulfure rouge de mercure).
CHAPITRE VII
Qnand on trempait le bout soufré de l’allu­
ILE BRIQUET OXYGÉNÉ. — QUEL EST LE VÉRITABLE
mette dans l’acide sulfurique renfermé dans
INVENTEUR DU BRIQUET OXYGÉNÉ ? — LE BRIQUET
le flacon, cet acide rendait libre l’acide chlo-
FUMADE, OU BRIQUET PHOSPHORIQUE.
rique du chlorate de potasse, et tout aus­
Reprenons l’histoire des moyens de se pro­ sitôt, l’acide chlorique, en raison de son peu
curer du feu promptement et économique­ de stabilité, se décomposait, en présence de
ment. la matière organique, et fournissait de l’oxy­
Le briquet oxygéné, qui marque le pre­ gène, qui enflammait le mélange. Le feu se
mier pas vers la découverte de l’allumette communiquait ensuite au soufre et au bois
chimique, fit sa première apparition au com­ de l’allumette.
mencement de notre siècle. Ce fut la con­ L’inconvénient du briquet oxygéné, c’est
naissance des propriétés détonantes du chlo­ que l’acide sulfurique étant très-hygro­
rate de potasse, qui amena l’invention du métrique, absorbe promptement l’humidité
briquet oxygéné. de l’air, et ne peut plus déterminer l’inflam­
Le chlorate de potasse, que Berthollet dé­ mation de l’allumette.
couvrit en 1790, est un sel qui renferme De quelle époque date l’invention du bri­
beaucoup d’oxygène, et qui peut le céder quet oxygéné? Il dut être fabriqué dans les
facilement aux corps combustibles, tels que premières années de notre siècle, car c’est
le charbon, le soufre, les matières organiques.
C’est en raison de la propriété que possède (1) Tome III, page 240.