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                       que le phosphore et sa préparation furent   Boyle fut le premier qui rendit public le
                       connus en France.                         procédé pour la préparation du phosphore.
                         Cependant, malgré la publicité qui fut   Il le décrivit dans les Transactions philoso­
                       donnée par F Académie des sciences de Paris  phiques de 1680.
                       au mémoire de Homberg, les chimistes qui    Un journal français, le Mercure de 1683,
                       avaient essayé de mettre ce procédé à exé­  contient une description de ce même pro­
                       cution, avaient presque tous échoué. En   cédé donné par Kraft. En 1710, Leibniz
                       1737, il n’y avait en Europe qu’un seul   publia les notes qu’il avait reçues sur ce
                       homme qui sût préparer le phosphore :     sujet de Kraft et de Brandt.
                       c’était Godfrey Hankwitz, apothicaire à Lon­  Nous avons vu que Homberg divulgua en
                       dres, qui tenait le procédé de Robert Boyle.   France le procédé de Kunckel. Les Mé­
                       Par une des nombreuses bizarreries que    moires de l'Académie des sciences de Paris
                       nous présente l’histoire du phosphore, ce   de 1692, renferment, comme nous l’avons
                       corps singulier devait, en effet, être décou­  dit, la description de ce procédé.
                       vert une seconde fois, en dépit de l’inven­  Enfin la méthode de Brandt fut exposée
                       teur.                                     par Hoock, dans le Recueil expérimental,
                         En 1679, Kraft avait apporté en Angle­  publié à Londres.
                       terre un échantillon de phosphore, pour le   En 1737, un étranger prépara du phos­
                       mettre sous les yeux de Charles 11 et de   phore dans le laboratoire du Jardin des
                       la reine. Le roi fut charmé des curieux   plantes de Paris. Le procédé que cet in­
                       effets de cette substance, et il en fit présent   connu avait employé, fut acheté par le gou­
                       à Boyle. Sur le simple renseignement qu’on   vernement, et rendu public par le chimiste
                       le retirait du corps humain, Robert Boyle,   Ilellot, qui avait assisté a l’opération.
                       en 1680, reproduisit le tour de force de    En 1743, Marggraf fit voir que la produc­
                       Kunckel. Après plusieurs tentatives inu­  tion du phosphore dans la distillation du
                       tiles, il réussit à isoler le phosphore, et   produit de l’urine évaporée était due à l’a­
                       trouva un procédé très-convenable pour sa   cide phosphorique, décomposé par le char­
                       préparation. 11 révéla ce procédé à son assis­  bon de la matière animale.
                       tant de la Société royale de Londres, God­  Diverses modifications furent ensuite ap­
                       frey Hankwitz, chimiste-apothicaire, qui   portées à la préparation du phosphore;
                       eut, depuis ce moment, le privilège de four­  mais on opérait toujours sur l’urine. Ce ne
                       nir le phosphore à toute l’Europe. C’est pour   fut que cent ans après la découverte de
                       cette raison que le phosphore fut alors con­  Brandt, c’est-à-dire en 1769, que le chi­
                       nu des chimistes, sous le nom de phosphore   miste suédois Gahn découvrit l’existence du
                       d’Angleterre.                             phosphore dans les os.
                         Ainsi, le phosphore fut découvert succes­  Deux années plus tard, Scheele fit connaî­
                       sivement par trois chimistes : Kunckel,   tre un procédé remarquable pour extraire
                       Brandt et Robert Boyle. La même particu­  le phosphore des os.
                       larité s’est rencontrée, au siècle suivant,   Ce procédé consiste à calciner les os et
                       pour l’oxygène. Entrevu par Cardan, au    à dissoudre le produit de la calcination
                       seizième siècle, par Jean Rev et par Robert   dans l’acide azotique très-étendu, à précipi­
                       Boyle, au dix-septième, l’oxygène fut dé­  ter ensuite la chaux, au moyen de l’acide
                       couvert simultanément, au dix-huitième    sulfurique, à filtrer, à évaporer et à séparer
                       siècle, par Scheele, Bayen, Priestley et La­  le sulfate de chaux. Le liquide sirupeux
                       voisier.                                  est ensuite mélangé avec du charbon en
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