Page 502 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 502

LE BLANCHIMENT.                                  503


      dégorger et on décreuse dans un bain tout   ployés en Chine ont été décrits vers le com­
      pareil. Ensuite on les plonge, pendant un   mencement de notre siècle, par Michel de
      quart d’heure, dans de l’eau contenant 15   Grubbens.
      grammes de cristaux de soude par pièce. On   La soie est blanchie chez les Chinois avec
      dégorge ces pièces et on les lave dans de l’eau   l’infusion d’une espèce de fève blanche par­
      un peu aiguisée d’acide sulfurique. On ter­  ticulière au pays, infusion à laquelle on
      mine par un lavage à l’eau chaude, par un   ajoute de la farine de froment, du sel marin
      battage et un rinçage dans l’eau courante.  et de l’eau ; à savoir : 5 parties de fèves, 5 de
        Avant le tissage, les étoffes de soie ont été   sel, 6 de farine et 25 d’eau.
      quelquefois blanchies en partie; alors les   Après avoir bien lavé les fèves, on les fait
      opérations se simplifient. On se borne à les   cuire avec de l’eau, dans une chaudière dé­
      tremper dans l’eau courante, et à les faire   couverte, jusqu’à ce qu’elles deviennent assez
      bouillir, une heure environ, dans un bain   molles pour se laisser écraser entre les
      composé de 60 grammes de savon et de 50    doigts. Lorsqu’on a atteint le degré de cuis­
      grammes de son par chaque pièce de 10      son indiqué, on retire la chaudière du feu,
      mètres. On les dégorge à l’eau chaude, à la   et on verse les fèves dans de grandes cuves
      température de 50 degrés; on termine par   plates, de 6 centimètres de hauteur sur 1“,6
      un lavage à grande eau et un battage.      de diamètre. On en forme une couche de
        11 est bon de soufrer légèrement les tissus   5 centimètres environ, et lorsqu’elles sont
      de soie qui doivent être imprimés en cou­  assez refroidies, on les mêle peu à peu avec la
      leur tendre.                               farine. Si la masse devient trop sèche et que
                                                 la farine ne s’attache plus aux fèves, on y
        Le blanchiment des fils et étoffes de soie   ajoute un peu d’eau provenant de la décoc­
      s’opère à Lyon d’une manière un peu diffé­  tion. Tout étant bien mêlé, on étend cette
      rente de celle qui vient d’être décrite. On   pâte pour en former une couche égale, que
      blanchit les soies par l’acide sulfureux,   l’on introduit dans une boîte munie d’un
      après les avoir dégommées et cuites. On    couvercle qui ferme exactement. Quand on
      opère d’ailleurs le soufrage de la soie    s’aperçoit que la masse commençe à se moi­
      comme celui de la laine. Le soufrage donne   sir, et qu’il se dégage de la chaleur, ce qui
      un beau blanc à la soie. 11 lui communique   arrive après deux ou trois jours, on main­
      aussi le froufrou , que tout le monde con­  tient le couvercle un peu soulevé, afin que
      naît, et qui est produit par le froissement   l'air puisse circuler librement. On recon­
      de la soie entre les doigts.               naît que l’opération marche bien, lorsque
        La soie qui doit être moirée n’est pas sou­  la masse prend une couleur verte. Si, au
       frée ; celle employée en bonneterie ne l’est   contraire, elle devient noire, il faut aérer
       pas non plus.                             davantage et lever un peu plus le couver­
        Quand on veut teindre la soie soufrée, il   cle. Quand toute la masses est verte et moi-
      faut commencer par la désoufrer, en la     sie, ce qui a lieu ordinairement au bout de
      trempant dans de l’eau chaude.             huit à dix jours, en enlève tout à fait le cou­
                                                 vercle, et on expose pendant quelque temps
         On se demande souvent comment on        à l’air et au soleil. Toute la masse étant
      opère en Chine, pour obtenir les magni­    fortement endurcie, on la coupe par tran­
       fiques soies blanches que notre commerce   ches, qu’on jette dans une jarre de terre
       reçoit de ce pays.                        cuite; on y ajoute 250 livres d’eau et 50
         Les procédés de décreusage de la soie em­  livres de sel, si l’on a employé 50 livres de
   497   498   499   500   501   502   503   504   505   506   507