Page 499 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

500 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

opération à l’ombre, en disposant la laine gent une température de -f- 60 ou 65 de­
sur des claies. grés ; celles de France ont besoin de
750 kilogrammes de laine peuvent être + 70 degrés. Celles de l’Espagne et de l’Al­
lavés ainsi en un jour, par sept hommes et lemagne sont saponifiées à 75 et 80 degrés.
trois femmes. Plusieurs dégraissages sont nécessaires
Toutes les opérations que nous venons de aux laines qui sont destinées à recevoir la
décrire l'ont perdre à la laine 35 à 45 pour 100 teinture d’indigo. Chaque dégraissage est
de son poids. Le suint seul qui est chaque i séparé du précédent par l’intervalle d’un
année entraîné par les lavages de toutes les mois ; on ne procède à l’opération que sur
laines de France, suffirait, comme engrais, de la laine sèche.
à 150,000 hectares de terrains.
Mais les laines qui ont subi ces opérations Les traitements qui viennent de nous oc­
ne sont pas entièrement débarrassées des cuper sont tous applicables à la laine en
matières étrangères qui composent le suint : flocons. Quand il s’agit des étoffes de laine
il faut encore les dégraisser. qui doivent être imprimées, on les dégraisse
Quelques fabricants d’Elbeuf opèrent en­ avec des cristaux de soude et du savon blanc,
core d’après l’ancienne méthode, que nous en opérant à + 65 degrés. Les étoffes sont
allons décrire. passées dans le bain avec une machine
Les chaudières dans lesquelles on soumet nommée foulard.
la laine au bain de dégrais ont une capacité La figure 221 donne la coupe de la cuve
de 1,000 litres, ce qui répond à un rende­ qui porte dans les ateliers le nom de fou­
ment de laine de 160 kilogrammes par lard, et qui sert au dégraissage des étoffes
jour. de laine. H est la cage de la caisse qui ren­
La chaudière contenant de l’eau, on y ferme le bain alcalin ; rr, des roulettes en
chauffe l’eau à -j- 50 ou -|- 55°, et l’on y bois sur lesquelles passent les étoffes pour
verse 70 ou 80 litres d’urine putréfiée, riche circuler dans le bain; T, le rouleau sur
par conséquent en ammoniaque, avec 20 ki­ lequel les étoffes passent en entrant dans le
logrammes de cristaux de soude. On dé­ bain ; L,R, deux grands rouleaux de cuivre
graisse 4 mises de laine qui restent chacune entourés de calicot, qui attirent et pressent
une demi-heure dans la chaudière, et on l’étoffe sortant du bain ; -a un levier chargé
ajoute encore 20 litres d’urine pendant d’un poids, au moyen duquel on fait varier
toute la journée. On la termine en jetant la pression exercée par les rouleaux L,R,
la moitié du bain et on recommence le len­ sur l’étoffe.
demain après avoir ajouté de l’eau, 10 kilo­ Chaque bain alcalin est suivi d’un lavage
grammes de cristaux de soude et 35 litres à l’eau chaude.
d’urine. On appelle cela remonter le bain. La laine étant ainsi bien dégraissée, onia
On le remonte encore ainsi le troisième jour blanchit par le soufrage, opération qui con­
et on le jette alors. 11 va sans dire qu’après le siste à soumettre la laine à l’action du gaz
dégraissage, on lave les laines à grande eau acide sulfureux produit par la combustion
dans des paniers. du soufre.
L’opération du dégraissage est une vé­ On soufre dans une chambre isolée et
ritable saponification. Toutes les laines y dépourvue de cheminée. En haut se trouve
sont soumises, mais à des températures un une trappe et en bas une porte. Deux ou­
peu variables, suivant leur provenance. Les vertures placées de côté permettent d’intro­
laines d’Australie et même de Russie exi­ duire le soufre dans des vases où il doit brù-