Page 498 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

LE BLANCHIMENT. 499

tonte leur longueur. La clôture de cette On peut opérer le lavage de la laine avant
charpente est faite de planches imbriquées, ou après la tonte, c’est-à-dire sur le dos de
entre lesquelles l’air passe aisément. Dans l’animal ou sur la laine tondue. C’est dans
l’intérieur est un filet qui empêche les toiles la belle saison, au mois de juin, que se
de battre contre les parois, ce qui les sali­ pratique le lavage à dos. Les moutons sont
rait. Les conditions favorables au séchage se plongés dans l’eau d’un étang, d’une mare
rencontrent ordinairement au commence­ ou d'une rivière (fig. 219). On les frotte
ment de la journée. jusqu’à ce que la blancheur de la laine ap­
On achève de donner aux toiles une belle paraisse. Les moutons se sèchent au soleil.
apparence en les passant au cylindre, en On ne les tond que quelques jours après,
les calandrant ou en les battant au maillet. pour permettre au suint nouveau de rem­
Pour calandrer, on enveloppe les toiles placer celui qui a été enlevé par lavage.
autour d’un cylindre, sur une certaine Les Anglais pratiquent cette opération
épaisseur. Deux de ces cylindres sont placés dans des ruisseaux profonds de 80 centimè­
entre deux planches et parallèlement, la tres. Trois laveurs prennent successivement
supérieure étant mobile et chargée de le même animal, en remontant le courant.
poids. Quand on la fait aller et venir, les On peut laver au moins 40 moutons à l’heure.
cylindres roulent, font frémir les toiles et Le lavage à dos, n’est pas accepté par les
leur donnent l’apparence qu’on recherche. connaisseurs; on préfère de beaucoup le la­
On maille les toiles en les pliant. Pour vage après la tonte.
cela on les pose sur une table en pierre Celui-ci se pratique, généralement, à
polie, ou en marbre noir, et on les bat avec chaud ; on l’appelle désuintage. On commence
des maillets faits en bois lourd. par trier les laines suivant leur qualité ; on
les étend sur des claies en bois, et on les
bat à la baguette. Les poussières sortent;
on enlève les mèches feutrées, le crottin,
les pailles, et on éparpille la laine avec une
CHAPITRE IV fourchette en fer à pointes recourbées.
Ensuite, on introduit les laines dans des
LE BLANCHIMENT DE LA LAINE ET DE LA SOIE.
cuviers remplis d’eau à —f— 45 degrés et ren­
L’enduit naturel de la laine est le suint , fermant du suint qui, par la décomposition
On donne ce nom à une substance grasse putride, a chargé l’eau d’ammoniaque et la
très-odorante, qui provient de la transpira- ainsi rendue très-propre au dégraissage. On
tion des moutons. Une grande quantité de laisse tremper, sans remuer, pendant 18 ou
corps composent le suint du mouton. La 20 heures. On chauffe l’eau du cuvier jusque
plus grande partie de ces corps est soluble vers 75 degrés et on immerge la laine dans
dans l’eau ; la partie insoluble est une sorte ce bain en la trempant avec un bâton du­
de graisse qui reste en suspension dans l’eau. rant plusieurs minutes. On place ensuite la
De simples lavages ne suffiraient pas pour laine dans des paniers posés au-dessus des
débarrasser les laines de leur suint. chaudières. La laine étant égouttée, on la
Pour blanchir les laines brutes on les porte dans l’eau courante, pour la laver, en
soumet à deux séries d’opérations. La pre­ la laissant dans les paniers. On cesse ce la­
mière opération ne fait qu’enlever aux lai­ vage quand l’eau qui sort de la laine est
nes, les corps gras qu’elles contiennent. La claire et sans couleur. On commence à des­
seconde est le blanchiment. sécher avec le pressoir et on termine celte