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504                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                       fèves. On agite fortement, et quand le tout   rassait le corps des impuretés qui s’y étaient
                       est bien délayé, on introduit la soie dans le   fixées.
                       bain, et on expose le vase au soleil ; on remue   Nous avons sur les anciens l’avantage des
                       deux fois par jour et on le tient couvert   tissus de chanvre et de coton, si faciles à
                       pendant la nuit.                           laver. Mais parce que nous pouvons aisément
                         Le blanchiment de la soie marche d’au­   changer de linge, cela ne nous doit pas dis­
                       tant plus vite que la chaleur de l’atmo­   penser de l’usage des lotions et des bains,
                       sphère est plus grande ; cependant bien    et ce n’est qu’au détriment de la santé que
                       qu’on n’entreprenne cette opération qu’en   l’on se dispense trop souvent, de nos jours,
                       été, elle dure de deux à trois mois.       de cet usage salutaire.
                          On laisse séjourner ce bain au soleil,    Pour bien comprendre l’importance des
                       jusqu’à ce que la dissolution paraisse com­  pratiques de propreté, il faut savoir que la
                       plète et que le liquide soit devenu comme   surface de la peau est le siège d’une exha­
                       laiteux; alors on verse le tout dans des sacs   lation très-abondante, que les physiologistes
                       de toile, et on presse ; la soie reste dans les   ont nommé transpiration, ou perspiration
                       sacs parfaitement blanche. Il n’y a plus qu’à   cutanée. La transpiration a pour but de dé­
                       la laver.                                  barrasser le corps de l’excès d’eau introduite
                          On prépare avec les résidus de l’opération   par les boissons et par l’alimentation, et de
                       précédente, des soies de qualités infé­    servir, en même temps, à maintenir la tem­
                       rieures.                                   pérature du corps. Le produit de la trans­
                                                                  piration est une sorte de fluide vaporeux,
                                                                  qui est très-visible dans certains cas, par
                                                                  exemple quand on applique une partie de
                                    CHAPITRE V
                                                                  la peau à la surface d’une glace. Quelque­
                                                                  fois même, en hiver, on la voit se dégager
                        LE BLANCHISSAGE. — PRINCIPAUX PROCÉDÉS POUR LE
                         BLANCHISSAGE DU LINGE DANS L’ÉCONOMIE DOMESTIQUE   du corps, comme une fumée. La transpira­
                         ET DANS L’INDUSTRIE. — LE LESSIVAGE PAR COULAGE ;
                                                                  tion, c’est-à-dire la sueur, laisse, par son éva­
                          SES INCONVÉNIENTS. — PRINCIPAUX SYSTÈMES DE
                                                                  poration à la surface de la peau, un résidu
                         BLANCHISSAGE EMPLOYÉS DEPUIS LA FIN DE NOTRE
                         SIÈCLE JUSQU’A NOS JOURS. — LE LESSIVAGE PAR AFFU­  qu’il est nécessaire d’enlever par le bain ou
                         SION ET CIRCULATION DES LESSIVES. — APPLICATIONS   le lavage.
                         DIVERSES DE CE SYSTÈME RENÉ DUVOIR, — J. LAURIE,
                                                                    Outre la transpiration, il y a une autre
                         — DECOUDÜN, ETC.
                                                                  excrétion de la peau formée par une hu­
                          Le linge de corps était inconnu des an­  meur grasse qui est huileuse, destinée à con­
                        ciens. Les Grecs et les Romains ne portaient   server à la peau sa souplesse. C’est surtout
                        pas de chemise, et les robes des femmes   cette humeur qui salit le linge.
                        touchaient immédiatement la peau. Il en     Pour bien comprendre l’importance du
                        était de même pour les lits. Les Grecs et les   blanchissage, il faut savoir que le linge sali
                        Romains couchaient à nu sur des étoffes de   a éprouvé une augmentation de poids d’en­
                        laine, qui s’imprégnaient bientôt des mal­  viron 5 pour 100. Cet excès de poids est
                        propretés du corps.                       causé par une certaine quantité d’humidité
                          C’est pour cela que les anciens prenaient   et par des matières grasses, fibrineuses, al­
                        si souvent des bains. C’était le soir, avant le   bumineuses, etc., ainsi que par des poussières
                        principal repas, appelé la cène (cœna) que   de toute nature qui adhèrent au tissu. Des
                        l’on prenait le bain, qui délassait des fati­  taches, qui ne sont autre chose qu’une es­
                        gues du jour, en même temps qu’il débar­  pèce de teinture malencontreuse, viennent
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