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LE BLANCHISSAGE                                   507


          Le savon est d’autant meilleur qu’il ren­  nège pendant quelques heures, au bout
        ferme moins d’eau. Le savon marbré de     desquelles le lessivage est terminé.
        Marseille est renommé pour sa vertu déter-   Il est évident qu’au lieu de cendres, on
        sive. C’est, comme nous l’avons dit dans la   pourrait se servir avec avantage de carbo­
        notice sur le Savon, qui fait partie du   nate de potasse ou de soude du commerce.
        tome 1er de ce recueil, le plus avantageux   Et c’est ce que l’on fait souvent.
        de tous les savons, parce qu’il n’est pas pos­  Savonnage, rinçage. — Le linge prove­
        sible d’augmenter les quantités d’eau qu’il   nant du lessivage est porté au lavoir ou à
        renferme.                                 la rivière, pour être savonné, rincé, battu,
                                                  frotté, jusqu’à ce qu’il soit exempt de toute
          Le blanchissage du linge comprend plu­  impureté. En effet, le blanchissage opéré par
        sieurs opérations : le trempage, le lessivage,   \ecoulage de lalessive, ayant imparfaitement
        le savonnage, le rinçage et le repassage.  saponifié les corps gras, il est resté sur le
          Disons d'abord comment se sont exécu­   linge des taches qui n’ont pas été atteintes
        tées de tout temps et presque en tous pays   par l’alcali ou des traces jaunes qu’il faut
        ces opérations ; nous verrons ensuite quels   enlever par le savon.
        perfectionnements on y a introduits de nos   La meilleure manière de savonner, c’est
        jours.                                    de froisser entre les mains, avec du savon, les
          Lessivage. — Un grand cuvier de bois placé   parties du linge qui présentent des taches.
       dans la buanderie ; à côté de ce cuvier une   Mais comme cette main-d’œuvre est longue,
        grande chaudière dans laquelle on fait    pénible et absorbe beaucoup de savon, on
        bouillir de l’eau : tels sont les seuls appa­  a cherché des moyens plus prompts et plus
        reil^ nécessaires à l’opération du lessivage   économiques. On se sert suivant les pays de
        tel qu’on le pratique dans tous les pays. On   brosses, de planches cannelées ou de bat­
        remplit le cuvier avec le linge sale, en met­  toirs. De tels auxiliaires économisent sans
        tant le gros linge au fond et le linge fin par­  doute le temps et le savon, mais ils usent
        dessus. On recouvre le cuvier ainsi rempli   considérablement le linge.
        d’une grosse toile liée avec une corde qui   Dans l’est de la France, on frotte les étoffes
       contourne le cuvier. On charge la toile de   entre deux planches cannelées, ou avec les
       cendres de bois, elle se déprime sous ce   mains contre une planche cannelée en
        poids et on verse l’eau bouillante sur ces   forme de persienne. C’est là un des moyens
       cendres. L’eau chaude dissout le carbonate   les plus funestes pour la conservation du
       de potasse contenu dans les cendres, et forme   linge.
        une lessive, c’est-à-dire une dissolution al­  On a remplacé ces persiennes de bois
        caline, qui, traversant le linge, opère len­  par des plaques de caoutchouc de la même
        tement la saponification des matières gras­  forme, ce qui est une amélioration, mais ne
       ses. On ne cesse de verser de l’eau bouil­  fait que diminuer le degré de détérioration
        lante que lorsque le cuvier est rempli.   du linge.
        Alors, on ouvre un robinet situé à sa partie   Les blanchisseurs de Paris se servent
        inférieure, on recueille la lessive qui s’é­  d’une brosse de chiendent, qui est plus des­
        coule et on la reporte dans la chaudière,   tructive encore, et qui a pourtant l’avantage
        pour la réchauffer. On reprend cette les­  sur les persiennes de l’Est de n’agir que sur
        sive chaude et on la reverse dans le cuvier,   les parties tachées.
        sur les cendres que l’on a remplacées par   Le battoir, dont on se sert dans le plus
        des cendres nouvelles. On continue ce ma­  grand nombre des pays, est le meilleur
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