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LE BLANCHISSAGE. 511
pose d’une chaudière pleine d’eau, dans La lessive n’était plus élevée par la pression
laquelle est placé un cuvier en bois, le fond de la vapeur, mais par une pompe aspirante,
de qe cuvier étant percé de larges trous. qui la projetait sur un disque, d’où elle se
On plaçait le linge sale dans le cuvier, la répandait à la surface du linge, tant que la
lessive dans la chaudière, et l’on portait vapeur n’avait pas une tension suffisante.
la lessive à l’ébullition. La vapeur de l’eau Quand la tension de la vapeur était devenue
bouillante, n’ayant point d’issue, pressait la assez forte, le liquide, s’élevant de lui-même
surface du liquide et le forçait à s’élever par un tube latéral, ouvrait la soupape, et
dans un tube, qui, plongeant presque au déterminait ainsi une circulation con
fond de la chaudière, se terminait, à sa par tinue.
tie supérieure, par un champignon conique, Ce système ressemble assez au coulage
contre lequel la lessive se projetait, pour se ordinaire, perfectionné par l’addition d’une
déverser ensuite uniformément sur la masse pompe. La lessive s’élevait avec des témpé-
de linge contenue dans le cuvier. Ce liquide ratures successivement croissantes, ce qui
traversant le linge sale, de haut en bas, était un avantage, mais la température de
revenait à la chaudière, en traversant les 100° n’était atteinte que vers la fin de l’opé
trous du fond du cuvier. Il y avait donc ration, d’où résultait une saponification in
affusion et circulation continue de la lessive complète. En outre, la lessive se refroidis
à travers le linge. sait en descendant dans le cuvier.
Cette circulation durait environ six heu L’appareil de René Duvoir, constructeur
res. Après l’opération, on retirait le liquide de Paris, qui réalise la circulation de la
au moyen d’un robinet qui existait à la lessive bouillante par des moyens très-
partie inférieure de la chaudière. rationnels, est celui qui a le plus attiré
La cuve à projection était un progrès l’attention, et qui a été adopté dans le
sur le vieux et classique système du coulage plus grand nombre d’établissements pu
de la lessive, patronné par les ménagères blics. René Duvoir sépara la chaudière
du monde entier, bien qu’il soit tout à du cuvier, et, tout en conservant le prin
la fois dispendieux et incommode; mais cipe de la chaudière à projection de Wid
il produisait encore une grande perte de mer, il réalisa la circulation de la lessive
chaleur, par l’évaporation du liquide dans par des moyens très-bien entendus.
lequel baignait le linge qui restait exposé La figure 222 (page 513) représente l’ap
à l’air libre pendant toute l’opération. En pareil de René Duvoir pour le blanchissage
outre, le foyer, mal disposé, donnait un par l’affusion et la circulation continue de la
mauvais emploi du combustible. lessive. C, est une chaudière cylindrique en
Vers 1850, on vit paraître un grand cuivre, fermée au moyen d’un couvercle à
nombre de perfectionnements du système vis de pression. Une soupape à flotteur fixée
A'affusion et de circulation de la lessive sur sur ce couvercle, ne s’ouvre que quand le ni
le linge par la pression de la vapeur. 11 faut veau du liquide est descendu à une certaine
citer particulièrement ici les appareils de limite. A, est un cuvier en bois de chêne,
lessivage de René Duvoir, de Descroizîlles, cerclé de fer. Ce cuvier a un faux-fonds en
de Bardel, de Ducoudun, de Gay, construc bois découpé en arcades, a. Le couvercle B
teurs français; ceux de Laurie et de Guxon, du cuvier est en cuivre. Il est attaché à une
constructeurs anglais. corde qui, passant sur des poulies fixées au
L’appareil de ce genre qui obtint le plus plafond, peut l’enlever ou l’abaisser à vo
de faveur est celui de J. Laurie, de Glasgow. lonté, au moyen d’un treuil.