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498                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                      étendues sur le pré, après chaque lessivage   étrangers. Après la macération, les toiles
                      et pendant quatre ou cinq jours chaque     sont lavées avec soin.
                      fois.                                        Après ce lavage qui se fait dans l’eau
                        La macération, ou trempage, se fait ici   courante ou dans une roue à laver, on sou­
                      d’une manière toute particulière: on a re­  met les toiles au lessivage, qui se pratique
                      cours à la fermentation.                   comme pour les toiles de coton, et au pas­
                        Voici la série des opérations que l’on   sage dans l’acide, qui s’exécute également
                      exécute.                                 : de la même manière.
                        Les toiles de même nuance et de même       On expose alors les toiles sur le pré.
                      grain sont d’abord assorties; c’est le moyen   On doit entourer de fossés le terrain d’é-
                      d’opérer sur toutes les pièces dans le même   tendage; il faut aussi le couper de canaux
                      espace de temps. On les débarrasse ensuite   parallèles, éloignés entre eux de 15 à 20
                      des matières étrangères dont elles avaient   mètres. L’eau destinée à l’arrosage doit être
                      été imprégnées pour les tisser plus faci­  très-limpide et aussi pure que possible, afin
                      lement. C’est une colle, ou parement, dont   d’éviter les taches. L’eau est puisée dans les
                      le tissu a été revêtu pendant sa fabrication,   canaux et jetée sur les toiles au moyen de
                      et qui s’opposerait à l’imbibition des fils et   longues pelles creuses. Le pré doit être tenu
                      à l’effet des agents de blanchiment. On    en état de propreté et dépourvu de taupi­
                      parvient à détruire le parement en provo­  nières. La toile ne doit pas reposer sur de
                      quant une fermentation, sans attaquer la   la terre, mais bien sur l’herbe, afin de per­
                      fibre végétale. Pour cela, on plie la toile en   mettre à l’air une libre circulation sous l’é­
                      feuillets égaux, que l’on place dans un cu­  toffe. Quelquefois on supplée à l’herbe par
                      vier en formant des couches que l’on im­   des cordes tendues.
                      merge avec de l’eau tiède. On ajoute un      Lorsque le blanchiment arrive à sa fin,
                      peu de son, de farine ou de mélasse. Une   on immerge les toiles dans de l’eau où l’on
                      fois la cuve remplie, on la recouvre en    a jeté du petit-lait aigri. On peut remplacer
                      chargeant de poids, pour maintenir le cou­  le -petit-lait par l’acide sulfurique, en pre­
                      vercle pendant la fermentation, qui ne de­  nant les précautions que la nature de ce
                      mande que quelques heures pour se dé­      liquide indique.
                      velopper, surtout si la température est      On termine le blanchiment par des sa­
                      élevée. Il est facile de reconnaître quand la   vonnages, qui ont principalement pour but
                      fermentation se produit, aux bulles de gaz   de ramener certaines parties des toiles au
                      qui viennent crever à la surface et à la pel­  même degré de blancheur que le reste.
                      licule qui s’y forme. Ces signes cessant, la   Lorsque les toiles ont acquis le point de
                      fermentation est terminée. 11 faut alors re­  blancheur voulu, on leur fait subir un ap­
                      tirer les toiles et les laver. C’est ce qui se   prêt qui les azuré et leur donne de la con­
                      fait au bout d’un temps qui varie entre 24   sistance. Les substances le plus communé­
                      et 36 heures. Il faut avoir soin, dans cette   ment employées pour les apprêts, sont l’a­
                      pratique, d'éviter la fermentation putride ;   midon, la fécule de pomme de terre, la
                      si l’on dépasse le point convenable, on peut   gomme adragante, etc.
                      tout perdre.                                 Une fois l’apprêt donné, on expose les
                        Le parement est détruit par la fermen­  toiles au séchoir.
                      tation, ainsi déterminée. En outre, les pores   Le séchoir se compose d’une vaste pièce
                      du tissu se dilatent et permettent à l’eau   en charpente, d’une hauteur suffisante. Les
                      de s’y introduire, pour entraîner les corps   pièces de toile doivent y être étendues dans
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