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474 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
mait de l’acide chlorhydrique, qui restai! plongées. Il évitait ainsi deux inconvé
dissous, et de l’oxygène, qui se dégageait. nients très-gênants dans la pratique : l’o
Berthollet savait que le chlore, quand il a deur suffocante du chlore, et l’altération des
exercé son action sur les matières coloran toiles.
tes, est amené à l’état d’acide muriatique L’établissement créé à Valenciennes pour
(chlorhydrique). Il croyait que, dans cette blanchir les tissus par la méthode de Ber
réaction, le chlore perdait son oxygène, thollet, rencontra au début de grandes dif
tandis qu’en réalité le chlore, qui, en sa ficultés. La plus grave était la préparation
qualité de corps simple, ne peut rien céder, du chlore, qui n’avait pas encore été exé
n’avait fait qu’enlever l’hydrogène de la cutée en grand pour l’usage des manufac
substance colorante. tures. Berthollet dut modifier le procédé
L’est après avoir observé l’action que le suivi dans les laboratoires pour la fabrica
chlore exerce en général sur les matières co tion du chlore, et imaginer une opération
lorantes, que Berthollet songea à décolorer manufacturière. Le nouveau procédé créé
par ce moyen les fils et les toiles, c’est-à- par Berthollet, fut mis en pratique à Rouen
dire à transporter cette réaction dans l’in et en Angleterre. 11 consistait à mettre en
dustrie. Il se servit d’abord, pour blanchir présence le peroxyde de manganèse, le sel
les toiles, d'une eau de chlore très-concen marin, l’acide sulfurique et l’eau. On obte
trée, qu’il renouvelait lorsqu’elle était épui nait ainsi le gaz décolorant avec le moins
sée, jusqu’à parfaite décoloration des fils de dépense possible.
ou toiles. Mais il s’aperçut bientôt que les Berthollet recommandait de mêler avec
tissus ainsi traités perdaient toute leur soin l’oxyde de manganèse avec le sel ma
solidité. 11 employa donc l’eau de chlore rin, d’introduire le mélange dans le vais
affaiblie, qui n’altéra aucunement les seau distillatoire placé sur un bain de sable,
toiles. de verser sur ce mélange l’eau acidulée par
Berthollet pensait toutefois que le chlore l’acide sulfurique, et d’adapter prompte
devait agir comme l’exposition des toiles sur ment un tube, pour diriger le gaz dans un
les prés, qui seule ne suffit pas à décolorer premier vase, après lequel venait un ton
les tissus, mais qui seulement dispose les neau, dit pneumatique, aux deux tiers plein
parties colorées de la toile à être enlevés à d’eau. C’est dans ce vase que s’opérait la
l'état soluble par l’alcali des lessives. Il fit dissolution du chlore, c’est-à-dire la prépa
donc suivre le traitement par le chlore d’un ration du liquide décolorant à l’usage des
traitement par les lessives, et il obtint ainsi manufactures. Un agitateur était adapté au
des résultats irréprochables. L’emploi al tonneau, pour favoriser l’absorption du
ternatif du chlore et des lessives alcalines chlore. Il fallait, pour blanchir les toiles,
donnait un très-beau blanc, sans altérer au employer plusieurs lessivages, sans que l’on
cunement les tissus. Vers la fin de l’opéra pût en préciser le nombre d’avance.
tion, Berthollet passait les toiles dans du Le blanchiment des toiles de coton n’exi
lait aigri ou dans de l’acide sulfurique geait que deux ou trois lessives alcalines,
étendu de beaucoup d’eau, pour obtenir un et autant d’eaux chlorées.
blanc plus éclatant encore. Berthollet éprouvait plus de difficultés à
En faisant alterner les lessives alcalines blanchir les fils que les toiles; il considérait
et les chlorures, Berthollet put se dispenser néanmoins le blanchiment des fils comme
d’employer une lessive concentrée, et y lais plus avantageux pour le fabricant que celui
ser, à chaque immersion, les toiles longtemps des toiles.