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INDUSTRIE DE L’EAU. 39

l’eau liquide ne la défendait du froid, eu les corps qui lui font obstacle. Enfermez
l’abritant contre le rayonnement extérieur. dans un tube de matière quelconque, de
Dans quelle proportion l’eau solide est- l’eau liquide, et, après avoir bien bouché ce
elle plus légère que l’eau liquide ? La densité tube, exposez-le à l’action d’un froid exté­
de l’eau à + 4°,1 étant I, la densité de la rieur capable de congeler l’eau ; au mo­
glace est 0,918. En passant à l’état de-glace, ment où l’eau se congèlera, c’est-à-dire
7 litres d’eau liquide produisent 7 litres de passera de l’état liquide à l’état solide, elle
glace. L’expansion, par le fait de la congéla­ augmentera de volume. Le bouchon qui
tion, est donc du volume de l’eau à 0°. ferme ce tube étant l’obstacle à l’augmenta­
C’est en raison de la légèreté spécifique tion du volume de l’eau, ce bouchon devra
de l’eau solide que les mers polaires sont être chassé par l’expansion de l’eau, au mo­
sillonnées de glaces flottantes, qui devien ment de son changement d’état, à moins
nent quelquefois de véritables montagnes que ce ne soient les parois du tube lui-même
voguant au gré des vents et des courants qui cèdent à cette expansion.
marins. Rien n’est plus imposant, plus ma­ L’expérience confirme pleinement-cette
jestueux, que ces énormes accumulations de prévision de la théorie ; mais ce que l’on au­
glaces, grandes comme des cathédrales, ces rait pu prévoir, c’est la prodigieuse puis­
banquises, comme nous les appelons, ces ice­ sance mécanique avec laquelle s’accomplit
bergs, comme les appellent les Anglais, l’expansion de l’eau liquide. Elle est telle
qui parsèment de leurs masses flottantes les qu’aucune force connue ne saurait y mettre
mers polaires arctiques ou antarctiques. obstacle, et que l’évaluation précise des ef­
On appelle champs de qlace les surfaces forts mécaniques ainsi développés est à peu
de glace très-étendues qui résultent de la près impossible.
réunion des banquises. Les faits que la science a enregistrés à cet
Les glaces flottantes sont la principale égard sont des plus surprenants. On lit dans
cause des dangers que présente la navigation tous les ouvrages de physique, que les mem­
dans les mers boréales. Les navires qui bres de l’Académie del Cimento, société sa­
s’avancent vers le pôle nord, au delà du vante de Florence qui fut célèbre au xvnB siè­
Spitzberg ou des côtes du Groenland, sont cle, du temps de Galilée, ayant renfermé de
presque toujours arrêtés dans leur marche l’eau dans une sphère de cuivre, et ayant
par les glaces qui se forment autour de exposé cette sphère pleine d’eau et fermée
leur coque, et qui les serrent dans leur par un bouchon à vis, à l’action de la gelée,
terrible étau. Ils sont, en outre, exposés virent le métal se fracturer. Mussembroeck
à être engloutis, s’ils approchent de trop qui, plus tard, examina cette sphère de
près les redoutables montagnes glacées qui, cuivre, évalua à une force qui équivaut à
en basculant et s'abattant sur eux, les écra­ 13,000 kilogrammes la force nécessaire
sent de l’immensité de leur poids. pour la rompre.
Nous représentons dans les figures 21, 22 Le physicien anglais William prit une
et 23 1 aspect des glaces flottantes ou ban­ des bombes de fonte en usage dans l’artil­
quises, et des champs de glâce. lerie, la remplit d’eau, ferma très-solide­
ment son orifice avec un tampon de bois, et
Puisque l’eau, en se congelant par le froid,
exposa la bombe à la gelée. Au moment de
augmente de près de £ de son volume, le la congélation de l’eau, le tampon de bois
seul phénomène de la congélation de l’eau
fut lancé au loin avec violence, et la glace
doit produire un grand effort mécanique sur
se fit jour au dehors de l’orifice.