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                     de nouveau les Parisiens à boire les eaux de   mis pendant plus de trois ans le service des
                     Seine souillées par les déjections des égouts,   eaux de Paris.
                     et notamment par celles de l’égout de la rue   Ce ne fut qu’après l’achèvement des ré­
                     Rivoli, qu’on construisait en même temps,   servoirs de Passy, dans lesquels l’eau, refou­
                     et qui débouchait en Seine en aval du pont   lée, arrive à un niveau invariable, que le
                     de la Concorde.                           travail des machines à vapeur devint com­
                       Les machines de Chaillot sont au nombre   plètement régulier. Depuis cette époque,
                     de deux; elles sont à simple effet, sys­  c’est-à-dire depuis la fin de 1857, les acci­
                    tème Cornouailles, c’est-à-dire que la va­  dents sont devenus très-rares, et le service
                    peur n’agit dans le cylindre que pendant   de Paris n’a plus subi d’interruption.
                     l’aspiration. Le refoulement de l’eau s’opère   Les machines à vapeur de Chaillot travail­
                     par des contre-poids qui chargent le piston   lent sans détente; elles n’ont pas assez de
                    des pompes. Le volume d’eau monté par      masse ; il faudrait donner au piston une vi­
                     chaque appareil varie avec la longueur de   tesse initiale trop considérable, mais toutes
                     la course du piston.*11 est au maximum, et   les tentatives faites jusqu’à ce jour ont causé
                    en marche normale, de 19,000 mètres cu­    de graves accidents. On les fait donc mar­
                     bes par 24 heures.                        cher à pleine vapeur, d’où il résulte que la
                       La machine dite de VAlma a été mise     consommation de charbon est un peu plus
                    en roulement le 3 novembre 1853; la ma­    grande qu’elle ne devrait être.
                    chine dite de l’/ena, le 1er août 1854 (1).  En comptant le travail des machines en
                       Depuis cette époque, ces deux machines   eau montée, c’est-à-dire en chevaux utiles, on
                    ont fait, en grande partie, le service d’eau   trouve que le poids de charbon consommé
                    de Seine de l’ancien Paris; malheureuse­   par heure et par cheval utile est aujourd’hui
                    ment elles ont un grave défaut, résultant   de 2 kilogrammes,6 en moyenne. C’est un
                     du système dans lequel elles sont cons­   rendement satisfaisant pour des machines à
                     truites, c’est-à-dire du système dit de Cor­  vapeur qui marchent sans détente.
                     nouailles. Les machines à vapeur du sys­    La figure 142 (page 313) représente la
                     tème dit de Cornouailles refoulant au moyen   salle des machines de l’usine de Chaillot ou
                     de contre-poids, doivent monter l’eau à   la pompe à feu de Chaillot, selon l’expression
                     une ‘hauteur fixe. Lorsqu’elles travaillent   vulgaire.
                     au-dessous de ce niveau normal, le contre­  Dans toutes les machines destinées à éle­
                     poids est trop lourd, descend trop vite et   ver les eaux, on dispose près des pompes as­
                     brise les soupapes et leurs clapets. Si l’eau   pirantes, un large réservoir de fonte, qui se
                     est montée trop haut, le piston des pom­  remplit d’air comprimé à une pression
                     pes reste en route. 11 faut donc que les   constante, par l’action d’un piston à air
                     pompes travaillent sous une pression d’eau   mû par la vapeur. Cet air comprimé à la
                     constante. Cette condition ne fut pas rem­  même tension détermine l’écoulement ré­
                     plie à Chaillot; les machines durent tra­  gulier de l’eau à l’extérieur. On voit sur
                     vailler longtemps avec des pressions varia­  la figure 142, qui représente la salle des
                     bles ; de là des chocs irrésistibles et les   machines de l’usine de Chaillot, le réser­
                     accidents de toutes sortes qui ont compro-  voir d’air au fond de la salle ; les cylindres
                        A                                      où la vapeur est reçue, pour passer ensuite
                      (1) Les vieilles machines de Chaillot, qui portaient les   dans le condenseur, sont au premier plan.
                     noms d’Augustine et de Constantine, cessèrent de mar­
                     cher, la première, le 7 août 1851,1a seconde, le 3 novem­  Pompe à feu du quai d'Austerlitz — Dans
                     bre 1853.                                 le cours de l’été si sec de 1858, on reconnut
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